RDC : les avocats de Stanis Bujakera renouvellent la demande de liberté provisoire et la nomination des contre-experts

Stanis Bujakera au studio de ACTUALITE.CD
Stanis Bujakera au studio de ACTUALITE.CD

Une troisième audience a eu lieu ce vendredi 3 novembre dans l’affaire Stanis Bujakera. Devant le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe siégeant à la prison Makala, les avocats du directeur de publication adjoint d’ACTUALITE.CD et correspondant de Jeune Afrique ont renouvelé leurs demandes formulées lors de l’audience de vendredi 20 octobre, notamment une contre-expertise au regard des multiples contradictions de l’accusation.

« Nous avons renouvelé la demande de liberté provisoire de notre client Stanis Bujakera, nous avons formellement écrit parce que 15 jours sont déjà passés depuis la dernière audience où on avait rejeté notre demande. Nous l’avons renouvelée par écrit auprès du tribunal qui a pris cela en délibéré. Et nous avons demandé qu’on puisse nommer des contre-experts. Nous avons demandé deux experts : Gary Miller, expert canadien de la lutte contre l'espionnage numérique et Emmanuel Gontcho, expert congolais et directeur général de l’agence G&G », a dit à ACTUALITE.CD Me Ndikulu Yana, porte-parole du collectif d'avocats de Stanis Bujakera.

Le tribunal va se prononcer le 17 novembre sur la demande de contre-expertise, pour la liberté provisoire, les avocats espèrent une décision d’ici à lundi prochain.

«Le tribunal va statuer dans les 48h sur la demande de mise en liberté provisoire, c’est-a-dire au plus tard lundi. Il doit se prononcer d’ici au 17 novembre, date de la prochaine audience, sur la demande de contre-expertise», a expliqué Me Jean-Marie Kabengela.

La contre-expertise apportera entre autres la manifestation de la vérité en ce qui concerne la prévention de fabrication de sceau de l’Agence nationale de renseignement (ANR) retenue contre Stanis. Lors de la précédente audience, les avocats du journaliste avaient demandé au tribunal de réquisitionner l’ANR afin d’apporter le seau original qui figure sur le document qui est à la base de l’arrestation de M. Bujakera.

« Nous avons estimé qu’il devait y avoir une comparaison avec un spécimen officiel de l’ANR pour qu’on puisse déterminer que c’est réellement un faux, puisqu’il n’y a pas d’éléments de comparaison pour permettre au ministère public de dire que réellement c’est un faux sceau. Nous continuons de dire que ce n’est pas notre client qui l’a fabriqué », avait indiqué la défense.

Contexte

Arrêté le 8 septembre dernier à l’aéroport de N’djili à Kinshasa, Stanis Bujakera est poursuivi pour un « faux document » attribué à l’ANR sur base duquel un article de Jeune Afrique non signé par Stanis, retrace le rôle qu’aurait joué le service de renseignement militaire dans l’assassinat du député et opposant Chérubin Okende. Le journaliste est accusé de « faux en écriture, falsification des sceaux de l’Etat », « propagation de faux bruits », et « transmission de messages erronés et contraires à la loi ». Il a été détenu quelques jours dans les cachots de la police puis du tribunal de paix avant d'être envoyé à la prison Makala le 15 septembre dernier. La détention avait été confirmée pour 15 jours pour des besoins d’enquête par le tribunal de paix de Kinshasa-Gombe. Depuis, aucune nouvelle décision pour renouveler sa détention avait été prise, ce qui selon ses avocats la rend irrégulière. Bujakera est en prison depuis bientôt deux mois.