Stanis Bujakera : record de détention d’un journaliste de ACTUALITE.CD sous le régime de Félix Tshisekedi

Stanis Bujakera
Stanis Bujakera

Stanis Bujakera a établi un triste record en passant plus de 21 jours en détention sous le régime de Félix Tshisekedi, devenant ainsi le journaliste d'ACTUALITE.CD qui a le plus longtemps séjourné derrière les barreaux sous cette administration. Ce record rappelle tristement le cas de Sosthène Kambidi, correspondant au Kasai, qui avait été détenu pendant 21 jours *en 2021 *pour sa participation à l'enquête sur la mort de deux experts de l'ONU en mars 2017.

Sosthène Kambidi, correspondant de ACTUALITE.CD à Kananga, avait été arrêté le 20 septembre 2021 à Kinshasa, puis transféré à Kananga, où se déroulait le procès des assassins présumés de deux experts de l'ONU, Michael Sharp et Zaida Catalan. Il avait participé aux enquêtes internationales pointant la responsabilité d’agents de l’Etat dans ce double assassinat. A ce jour, les autorités congolaises, magistrature comprise, maintiennent qu’il s’agit d’un crime commis par les miliciens Kamuina Nsapu. 

Sosthène Kambidi a été accusé d’être complice de ce crime odieux et traduit devant une cour militaire pour avoir été parmi les premiers à obtenir certaines informations, dont la vidéo de l’assassinat.

Deux ans plus tard, Stanis Bujakera, directeur de publication adjoint d'ACTUALITE.CD, correspondant de Jeune Afrique et Reuters, a été arrêté  à l'aéroport de Kinshasa le 8 septembre, et le 15 septembre, le tribunal de paix avait ordonné son maintien en détention pour 15 jours à des fins d'enquête.

Les avocats de Stanis Bujakera avait fait appel de cette décision. Cependant, le tribunal de grande instance a rejeté la requête au premier degré et en appel.

Comme pour Sosthène Kambidi, les charges qui pèsent contre Stanis Bujakera sont extrêmement graves, incluant notamment "faux en écriture", "falsification des sceaux de l'État", "propagation de faux bruits", et "transmission de messages erronés et contraires à la loi".

Il est important de noter que notre confrère est accusé en lien avec un article de Jeune Afrique qu'il n'a pas signé. Cet article faisait état d'une note attribuée à l'Agence nationale de renseignement (ANR) mettant en cause les services de renseignements militaires dans l'assassinat de Cherubin Okende, ancien ministre et porte-parole du parti de l'opposant Moïse Katumbi. Cette note a depuis été qualifiée de faux par les autorités, même si le parquet demande à Stanis Bujakera de divulguer ses sources. 

Lors d'une conférence de presse à New York, le président Félix Tshisekedi a comparé sa situation à celle de Julian Assange, fondateur de Wikileaks, et d'une journaliste française, Ariane Lavrilleux, dont la crédibilité des informations n'a jamais été remise en question.

Ces deux dossiers amènent des journalistes expérimentés et reconnus par leur travail d’investigation à être traduits en justice alors que leurs médias enquêtent sur des assassinats dans lesquels des agents de l’Etat. Cela pourrait s’apparenter à une forme de harcèlement visant à décourager ceux qui cherchent à faire toute la lumière sur ces crimes.

Depuis l’arrestation de Stanis Bujakera, des personnalités et organisations  congolaises et internationales se manifestent chaque jour pour réclamer sa libération, notamment à travers la campagne #FreeStanis.

Le groupe Next Corp continue de réclamer cette libération et l'abandon de toutes les charges qui pèsent contre lui. Le soutien massif que Stanis Bujakera reçoit, aussi bien au niveau national qu'international, témoigne de la reconnaissance du travail qu'il a accompli tout au long de sa carrière journalistique. Il doit pouvoir exercer son métier sans crainte ni contrainte.