Renouvellement des SEP et chefs d’antenne à la CENI: entre inquiétudes et assurances

Photo d'illustration
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La Commission électorale nationale indépendante (CENI), institution chargée d'organiser les élections en RDC poursuit son organisation interne pour, dit-elle, gagner le pari du quatrième cycle électoral. C'est dans ce cadre qu’elle vient de désigner des nouveaux animateurs à la tête de ses secrétariats exécutifs provinciaux (SEP) et antennes territoriales. Ce, à trois mois de la tenue des élections législatives, présidentielle et municipales.

Ces nouvelles mises en place et leur timing suscitent bien des suspicions dans les rangs de l’opposition. Chaque parti tente de vérifier le profil et les éventuelles allégeances des nouveaux venus. L'un des candidats d’opposition aux législatives nationales vient de saisir la centrale électorale pour dénoncer la nomination d'un chef d'antenne nommé dans la province de Sankuru. 

" Il a fait l'objet de poursuites judiciaires pour dissipation des machines à voter au profit d'un parti politique et des candidats avec lesquels il garde une affinité très étroite jusqu'à ce jour. Le fait d'avoir élu domicile à Katako-Kombe dans la résidence d'un proche de certains demeure une preuve éloquente de la persistance de ce rapprochement, préjudiciable à l'indépendance de tous les services de la CENI ", a écrit maître Laurent Onyemba, cadre de Ensemble pour la République de Moïse Katumbi dans une lettre datée du 28 septembre 2023 adressée à Dénis Kadima, président de la CENI.

Et d'ajouter :

" Aussi, dans son œuvre d'opacité dénoncée et partialité continue, le sieur OMBA TAWEDI Pascal, à cause de ces poursuites judiciaires pour dissipation des machines à voter contre un candidat, Albert DIHEKA, aux législatives passées, est l'ombre de la tricherie programmée en faveur de certains candidats et le socle éternel de contestations post-électorales dans cette circonscription. Il n'affiche nullement les garanties d'une certaine indépendance, votre leitmotiv comme Président, conformément aux textes qui régissent le fonctionnement de la CENI et l'éthique qui doit caractériser son personnel ". 

Dans les rangs de la société civile, on s’interroge surtout sur les modalités suivies pour procéder à ce type de décisions. C'est le cas de la Synergie des Missions d'observation Citoyenne des élections (SYMOCEL). 

" De notre point de vue, les SEP, les chefs d'antenne ont fonctionné ou ont été placés depuis un certain moment avant les élections de 2018, ils y ont créé des affinités, de familiarité et nous avions estimé autant il y avait une mise en place au niveau du bureau de la CENI, il fallait quand même qu'il y ait une sorte de remue ménage pour donner un sang neuf ou en tout cas un nouveau vent avec l'impulsion qu'il y avait. Je ne dirais pas que c'est fait avec dessein, ça fait partie d'un fonctionnement normal mais après est-ce que celà se fait dans le respect des procédures même de la CENI c'est-à-dire la plénière réunie, le secrétaire exécutif national a-t-il eu l'occasion de donner son avis parce qu'on sait qu'il avait une suspension de 15 jours est-ce que cela est intervenue pendant qu’il était en suspension ? Et qu'on en a profité ? Tout ça reste de choses mais l'acte en soi n'est qu'un acte normal en terme d'administration ", s'est exprimé à ACTUALITE.CD son coordonnateur Maître Patrick Ntambwe

Ces nominations ont coïncidé avec la levée de suspension du Secrétaire Exécutif Totokani Mabiku de la CENI qui était suspendu pour insubordination pendant 15 jours, créant là aussi bien des commentaires sur les motifs de son différend avec le président de la centrale électorale. Les deux hommes sont accusés par l’opposition d’organiser la fraude pour le compte du président Félix Tshisekedi, ce que la CENI a toujours démenti. 

Du côté de la commission électorale, on assure que la démarche a respecté la procédure telle que l'exige la loi organique sur le fonctionnement de la CENI. Ils rejettent les allégations selon lesquelles la suspension du Secrétaire Exécutif Totokani Mabiku avait comme objectif de l'écarter dans le processus de désignation des Secrétaires exécutifs provinciaux.

" C'est depuis mercredi 20 septembre qu'il a repris le travail. Il a même participé aux plénières de mercredi et vendredi après les cadres de concertation ", a confirmé à ACTUALITE.CD une source au sein de la CENI. 

Et de poursuivre :

" Les gens ont voulu politiser l'affaire (...). Si vous liez sa suspension à la mise en place des SEP, c'est comme si on avait fait un coup fourré pour nommer les SEP et pourtant il a participé, ce sont des dossiers qu'il avait déjà suivis au départ avant qu'il ne soit suspendu, il n'y a pas des liens particuliers, nous avons juste exécuter ça pendant qu'il n'était pas là ", a précisé la même source.

Parmi ces nouveaux animateurs désignés au niveau de provinces, on compte 8 femmes et 18 hommes. Les 8 femmes vont diriger les provinces suivantes: Équateur, Kinshasa, Kongo central, Kwango, Kwilu, Mai-ndombe, Tshuapa et Tshopo. 

Ci-dessous, la décision portant nomination des SEP 

Décision 104 - CENI by Infos Actualite.cd on Scribd

Ci-dessous, la décision portant nomination des chefs d’antennes dans les 26 provinces 

DOC-20230926-WA0013. by Infos Actualite.cd on Scribd

À la lumière de la Loi organique n° 10/013 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la CENI telle que modifiée et complétée par la loi organique n° 13/012 du 19 avril 2013 et la loi organique n° 21/012 du 03 juillet 2021, ces deux catégories à savoir les SEP et les chefs d’antennes ont un grand rôle à jouer dans la coordination des opérations électorales dans leurs entités respectives.

Clément MUAMBA