Une délégation de l’Union africaine séjourne à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo pour évaluer les progrès accomplis par le pays dans la lutte contre le mariage d’enfants. Cette délégation aura plusieurs entretiens avec les parties prenantes, du 02 au 5 octobre 2023.
Au ministre de la Justice, la délégation de l'Union africaine conduite par son rapporteur spécial Hermine Kembo Takam Gatsing a rencontré le Vice-ministre de la Justice, Thadée Mambu lundi 2 octobre 2023. L'objectif de leur mission en RDC est de faire le suivi de la campagne de l’Union africaine sur la lutte contre le mariage d’enfants.
Le vice-ministre de la Justice, Thadée Mambu, a rappelé que le gouvernement de la République Démocratique du Congo a fait de cette thématique son cheval de bataille, selon qu'il ressort du cadre juridique, institutionnel et opérationnel congolais.
"A titre illustratif, lors de la soixantième réunion du Conseil des Ministres du Gouvernement du 1er juillet 2022, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi avait consacré le troisième point de sa communication au phénomène des mariages précoces des jeunes filles en RDC. A cette occasion, Mme la ministre d'Etat, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Rose Mutombo Kiese, avait été instruite de prendre les dispositions idoines pour faire respecter les Lois en la matière sur toute l'étendue du Territoire national en vue de stopper ce fléau qui gangrène notre société et compromet ainsi l'avenir de nos jeunes filles. Cependant, il sera mis à votre disposition les informations relatives aux progrès, défis rencontrés, meilleures pratiques, leçons apprises et recommandations pour accélérer l'élimination du mariage des enfants en RDC", a-t-il fait savoir à l'issue de l'entretien avec cette délégation de l'Union Africaine
De son côté, Hermine Kembo Takam Gatsing a indiqué qu’à la suite de la campagne de l’Union africaine lancée en 2014, le gouvernement congolais a lancé une campagne nationale en 2017 sur le mariage d’enfants.
"Nous venons faire une sorte d’évaluation pour voir quelles sont les différentes politiques et programmes qui ont été mis en place. Mais surtout pour constater à quels résultats on a abouti. Est-ce qu’on a pu en l’espace de 5 ans aboutir à une réduction du phénomène, à une stagnation ou à une régression ? Nous sommes venus évaluer tous ces éléments. Voir également quelles sont les bonnes pratiques qui permettent à la RDC de s’en sortir. Et enfin, partager les bonnes pratiques avec la RDC que nous avons identifiées dans les différents pays puisque la mission ne se déroule pas seulement en RDC" a-t-elle fait savoir
Après cette étape, la délégation s’est rendue au siège de l’Eglise du Christ au Congo, à la Lizadeel, aux Affaires étrangères pour terminer la journée avec les membres du Parlement des enfants et des jeunes. La délégation a rencontré l’équipe de l’ECC avec à sa tête le premier vice-président Moïse Mateso qui assume l’intérim du président en mission. Les églises membres de l’ECC mettent l’homme au centre dans la lutte contre le mariage d’enfants. C’est pour cette raison que tous les domaines sociaux se retrouvent au sein de l’église. Le 2ème vice-président Isaac Kalonji a poursuivi que l’église protestante, d’une manière générale, ne bénit pas ce mariage. Les mineurs ne sont pas acceptés par l’Etat pour contracter le mariage. Il est inadmissible pour les hommes de Dieu de bénir ce mariage. Des mariages se pratiquent dans les provinces rien que dans leur aspect coutumier.
"Nous aimerions par rapport à l’axe de sensibilisation qu’il y ait un cadre de concertation entre le ministère de la Justice et l’église qui protège l’enfant et qui interdit le mariage précoce. Ce cadre pourra faciliter beaucoup de choses par rapport à notre engagement pour la protection de l’enfant" a-t-il fait savoir
Le Révérend Eric Senga a indiqué que l’autonomisation n’arrive pas à accompagner la victime à sortir du circuit. Ce qui dérange le circuit de la resocialisation. Certains se révoltent parce qu’ils n’arrivent pas à sortir de leur traumatisme pour la simple raison qu’ils voient les bourreaux qui occupent les charges importantes au sein de l’appareil de l’Etat.
"Comme solutions, nous voulons dépasser au-delà de l’autonomisation limitée à la prise en charge matérielle. Le bon circuit est d’accompagner la victime à sortir totalement du traumatisme mais surtout d’apprendre un métier qui la rendrait beaucoup plus libre et autonome" a-t-il fait savoir
Il sied de signaler que la directrice de cabinet de la Ministre d’Etat, ministre de la Justice, Me Pélagie Ebeka et le coordonnateur de la Cellule de lutte contre la Pédocriminalité et cybercriminalité en RDC étaient de la partie.
L’Union africaine cherche à mettre fin aux mariages d’enfants en Afrique. Depuis 2014, l'Union Africaine a intensifié sa campagne à cet effet.
Clément MUAMBA