RDC : la société civile identifie les principaux problèmes des congolais et propose un contrat social pour recréer la confiance entre gouvernants et gouvernés

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Photo d'illustration

La société civile à travers le réseau "Pona Congo" a présenté, vendredi 18 août, les résultats des consultations populaires réalisées au niveau national ; les priorités qui en ressortent ainsi que les engagements auxquels elle compte faire adhérer les dirigeants et futurs dirigeants. 

Après les consultations populaires, menée dans le cadre de la campagne "Congo Tolingi", la société civile constate "un grand décalage entre les dirigeants et le peuple qui, déçu, demande un changement profond. Ne sont pris en compte ni les véritables préoccupations de la population, ni les problèmes structurels et quotidiens auxquels elle fait face, ni ses attentes", peut-on lire sur le contrat social publié par cette plateforme. 

Cette dernière estime qu'il est impératif d’interroger le mode de gouvernance du pays qui tend à occulter le rôle actif du citoyen, pourtant nécessaire en démocratie et de renverser le modèle actuel qui voit "une classe de professionnels de la politique se constituer en aristocratie ou bourgeoisie républicaine."

L’objectif de ces consultations est d’identifier les principaux problèmes auxquels les citoyens sont confrontés, de prioriser ses problèmes, et de déterminer un certain nombre d’engagements que devront prendre les dirigeants afin que ce rêve commun se concrétise. 

"Ce contrat social est pour nous un outil de nouveau dialogue entre le gouvernement et le gouvernement. Nous avions initié via le réseau Pona Congo, des consultations populaires pour la République qui nous a permis de recueillir ce qu'était le regard des congolais sur la gouvernance du pays dans tous les secteurs. Il s'est dégagé une grande méfiance qui grandit entre les citoyens et les dirigeants. Nous pensons qu'il est nécessaire de ne pas laisser cette méfiance grandir. Il faut recréer des mécanismes qui permettent de reconstruire la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. C'est le but de ce contrat social", explique Christian Moleka, membre du réseau Pona Congo. 

Et de poursuivre : 

"Nous comptons proposer ce document aux acteurs politiques pour qu'ils s'en approprient. C'est un cadre de récréation de la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Il y a trop d'écart de plus en plus. Beaucoup de congolais pensent d'ailleurs qu'il est inutile de voter."

Quelques résultats des consultations populaires

Ces résultats présentés ci-dessous émanent de plus de 200 rencontres citoyennes organisées dans les 24 communes de Kinshasa, dans 
34 des 35 villes du pays, dans plusieurs territoires ainsi que dans la diaspora. Plus de 1300 points focaux ont été identifiés, renforcés, formés, mis en réseau et coordonnés, selon le réseau Pona Congo. 

- 85 % des Congolaises et des Congolais consultés croient que, de manière générale, le Congo n’est pas bien géré : « Les agents et fonctionnaires de l'État souffrent d’un mauvais traitement. Ils reçoivent des miettes. Parce que les dirigeants sont des égoïstes, ils ne visent que leurs intérêts. » 

- 79 % des Congolaises et des Congolais consultés pensent que la corruption fait partie des grands maux qui rongent le Congo : « La corruption est partout, même à l'hôpital et surtout dans l'enseignement. Ici tout s'achète » ;

- 79 % des Congolaises et des Congolais consultés considèrent la situation économique actuelle comme particulièrement mauvaise : « Nous ne produisons presque rien et le peu que nous produisons pourrit par manque de routes. Tout est devenu cher, sur le plan économique, et ce depuis des décennies, aujourd’hui est toujours plus cher qu’hier » ;

- 73 % des Congolaises et des Congolais consultés pensent que la sécurité n’est pas au cœur des préoccupations des dirigeants : « Nous sommes massacrés chaque jour et les autorités n'ont pas le temps de se rendre sur terrain pour se rendre compte de la réalité.»

Jordan MAYENIKINI