RDC- Forêt : ”Une mafia opère à un niveau très élevé”

Cet article fait partie d’une série de productions dans le cadre de l’enquête menée sur les conditions d’attribution, d’exploitation et de commercialisation des concessions d’exploitation forestière
Cet article fait partie d’une série de productions dans le cadre de l’enquête menée sur les conditions d’attribution, d’exploitation et de commercialisation des concessions d’exploitation forestière

La Coalition nationale contre l'exploitation illégale des bois appelle les autorités à mieux payer les agents de l’Etat chargés de contrôler le secteur du bois. Elle estime qu’aujourd’hui, près de la moitié des exploitants opère dans l’illégalité, mais qu’il ne faut pas pour autant faire d’amalgame entre les sociétés.

"Le contrôle ne se fait pas de manière rigoureuse vu que les agents de l'administration censés faire ce travail sont mal payés et manquent de matériels pour ce travail. Les missions régulières et régaliennes sont quasi-inexistantes Environ 50% des entreprises fonctionnent dans l’illégalité", a dit ACTUALITÉ.CD au mois d'avril 2023 Philippe Nzita, Secrétaire Exécutif de la Coalition nationale contre l'exploitation illégale des bois (CNCEIB).

Avant de recommander :

"Pour un contrôle forestier responsable, il faut donc commencer par améliorer les salaires des agents de l'administration.  Il faut équiper ces agents en moyens techniques et logistiques.  Il faut créer des bases solides de contrôle en province. Il faut appliquer la loi en cas de flagrance constatée sur le terrain".

Pour la coalition nationale contre l’exploitation illégale des bois, la gestion du secteur reste encore beaucoup trop opaque.

"Nous connaissons certains exploitants. Mais pour d’autres, il s’agit d’une mafia qui opère à un niveau très élevé. Même l'administration ne connaît pas leurs adresses. C’est une chose étrange. Le gouvernement, à travers le ministère de tutelle, a une grande responsabilité sur cette question de non-maîtrise des adresses de sociétés qui exploitent le bois en RDC", a encore expliqué Philippe Nzita.

Avant de poursuivre en évoquant le non-paiement de taxes :

"Il y a une poignée d'entreprises qui font des gros efforts dans le paiement des taxes conformément aux textes. À côté, nous avons d’autres sociétés soutenues par certaines autorités et elles marchent sur les lois qui régissent ce secteur qui est pourtant très prometteur pour l’avenir du pays", a déploré Philippe Nzita, Secrétaire Exécutif de la Coalition nationale contre l'exploitation illégale des bois.

ACTUALITE.CD  a enquêté sur deux sociétés, SODEFOR et Congo King Bashing Forestry Development (COKIBAFODE) et découvert que la seconde surtout cumulait les irrégularités. La Coalition nationale contre l'exploitation illégale des bois estime aussi que COKIBAFODE a d’importants efforts à faire.

"Pour SODEFOR, je considère cette société comme un bon élève qui fait des efforts dans ses opérations, bien que tout ne soit pas parfait. Cette société s'améliore chaque jour, et c'est ça qui est encourageant. COKIBAFODE doit faire des efforts et doit s'ouvrir à l'amélioration de ses pratiques en respectant les lois du pays tels que le code forestier le veut" a-t-il commenté.

Avant de préciser :

"Nous avons la maîtrise des provinces de Mai Ndombe et Mongala. Nous faisons beaucoup de descentes et parfois et très souvent les informations nous arrivent aussi à travers nos points focaux provinciaux" a-t-il fait savoir

Malgré toutes les irrégularités dénoncées dans le secteur, pour le Secrétaire Exécutif de la Coalition nationale contre l'exploitation illégale des bois, il est important de faire des évaluations au cas par cas.

"On n’a pas d'outils pour attester le pourcentage de déforestation en République Démocratique du Congo. Mais il faut aussi reconnaître qu’il y a effectivement une bonne quantité de bois exporté légalement vers l'étranger. Les bois coupés au Congo ont plusieurs destinations, mais pour la plupart, ça part en Asie et notamment en Chine", a indiqué Philippe Nzita.

Cet article fait partie d’une série d'enquêtes réalisée avec l’appui de Rainforest Journalism Fund, en partenariat avec Pulitzer Center.

Propos recueillis par Clément Mwamba