Les grands clubs de football en RDC semblent contenir, en leur sein, des relations entre gouvernants et gouvernés qui sont plus démocratiques que dans les partis politiques (Étude)

Stade des Martyrs
Stade des Martyrs/Ph. droits tiers

Le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et son partenaire Ebuteli, l’institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, ont publié ce vendredi un rapport sur l’espace de mobilisation civique intitulé  « Jeux de pouvoir, pouvoir du jeu : football et politique en RDC ».

« La particularité chez les grands clubs de football est qu’à la différence de beaucoup d’associations, de partis politiques et d’autres structures civiques en RDC, ils n’appartiennent pas éternellement à leurs leaders », explique le rapport. 

Les chercheurs d’Ebuteli et de GEC expliquent cette situation en partie par le poids que représentent les supporters et fanatiques au sein de ces clubs: « Ils sont capables de remettre en question la gestion du club et même, dans une certaine mesure, de sanctionner les dirigeants. Une forme de redevabilité, donc ». 

Ils nuancent en précisant que ces clubs ne sont pas une sorte de panacée de la démocratie : « les risques de dérives sont omniprésents, les manipulations du bas par le haut sont toujours à l’ordre du jour. La façon de conduire la politique en RDC influe toujours sur ces clubs comme dans d’autres structures non formellement politiques ». 

Néanmoins, ajoutent-ils, les grands clubs de football au Congo semblent contenir, en leur sein, des relations entre gouvernants et gouvernés qui sont plus démocratiques que, par exemple, dans les partis politiques. 

L’autre élément de réponse, ajoute le rapport, peut se trouver dans « la longévité qui a pu faire ancrer ces clubs comme véritables institutions à caractère plus ou moins démocratique : AS V.Club est fondé en 1935, DCMP en 1936 et TP Mazembe en 1939 – bien avant les partis politiques, qui étaient interdits jusqu’à la fin des années 50 ». 

Ils estiment que « les bâtisseurs du Congo nouveau feraient bien de regarder d’autres modèles d’organisation interne, pour éviter de créer des institutions qui appartiennent à des individus, où la redevabilité envers la base n’existe point. Les clubs de football pourraient servir d’un exemple parmi d’autres ».

Cette étude entre dans le cadre de la série de rapports sur la démocratie en RDC. Ce projet se concentre sur les structures de mobilisation comme moyen d'examiner les canaux de redevabilité dans le pays.

« La série Mukalenga Wa Bantu s’interroge sur les formes de redevabilité dans des espaces de mobilisation civique. Bien qu’imparfaits, les rapports entre dirigeants et supporters dans les clubs de football pourraient servir d’exemple  pour l’organisation des partis politiques », suggère Joshua Walker du GEC.