Axe Butembo-Manguredjipa (Nord-Kivu) : calme précaire à Biambwe au lendemain des affrontements meurtriers entre deux factions miliciennes 

milicien avec Armes
Illustration/Ph. ACTUALITE.CD

Un calme précaire a vécu ce samedi 11 février à Biambwe, au lendemain des affrontements meurtriers entre deux milices mai-mai dans cette  localité du groupement Manzia, située à 64 Km à l’ouest de Butembo, sur l’axe Manguredjipa.

Dans la nuit du jeudi à vendredi 10 février, des éléments d’un groupe armé non autrement identifié ont attaqué les positions de la milice UPLC de Mayani érigées à Biambwe depuis plus de huit mois, «tuant deux personnes dont un élément de la milice UPLC et un taximan qui était de passage dans la localité, et blessant un infirmier dans un village voisin», à en croire un bilan communiqué à ACTUALITE.CD par le chef de localité de Biambwe.

Selon l’autorité locale, aux termes d’intenses échanges de tirs, les éléments de l’UPLC ont réussi à repousser ceux du groupe ayant lancé l’assaut. Ces derniers se sont repliés du côté de Muhangi d’où ils seraient venus. Suite à cet incident, plusieurs habitants ont vidé le village.

«Malgré l’accalmie vécue vendredi et samedi, nombreux habitants qui se sont réfugiés dans les villages voisins hésitent à regagner leurs domiciles», a rapporté à ACTUALITE.CD le chef de localité de Biambwe.

C’est depuis plus de six mois que des groupes armés se disputent le contrôle des villages situés entre Butembo et Manguredjipa via Buyina et Nziapanda. Il s’agit notamment des groupes mai-mai Kabidon, UPLC de Mayani  et la milice Kifagio.

«Ils ont vraiment détruit le village de Muhangi, ils imposent leurs lois. On ne sait quoi faire», a déclaré à ACTUALITE.CD, Pele Kitsongo, chef de la localité voisine de Buyinga.

Contrairement aux deux autres groupes dont on peine à cerner l’objectif de la présence dans la zone, l’UPLC elle, est arrivée dans la zone comme supplétif de l’armée congolaise.   

Après les avoir employés dans la riposte contre Ebola (2018-2020) pour sécuriser certains sites de prise en charge des patients dans les zones sous leur occupation, le gouvernement congolais avait décidé de cantonner les miliciens de l’UPLC à Kalunguta, sur l’axe Butembo-Beni, dans l’attente de leur désarmement et démobilisation. Mais face aux difficultés de prise en charge et au retard dans la mise en œuvre de l'ambitieux Programme de démobilisation, désarmement, réinsertion communautaire et stabilisation (P-DDRCS), les autorités auraient, selon des sources d’ACTUALITE.CD, contre toute attente, décidé de recourir aux miliciens de UPLC comme supplétifs pouvant relever les FARDC dans certaines zones en vue d’éviter le vide sécuritaire et éviter ainsi l’échec de ce processus de reddition volontaire.

De Kalunguta, certains groupes d’UPLC auraient pris la direction de la région de Manguredjipa et ont érigé leurs bases dans certains villages situés à cheval entre les groupes Mwenye, Manzia et Bapakombe, notamment Biambwe et Liboyo.

Début juin 2022, d’autres miliciens UPLC, estimés à une soixantaine, seraient venus "relever les FARDC" à Biambwe, à près de 20 km de Nziapanda et ont installé leur base dans un camp abandonné la veille par des militaires. Des activistes de droits de l’homme de la région soupçonnent que ceux qui se sont dirigés à Buyinga soient venus de Biambwe.  

Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD en juillet dernier, Edgard Mateso, vice-président de la société civile du Nord-Kivu avait exprimé sa crainte de voir ces miliciens qui se rapprochent de plus à plus des carrés miniers de Bapere prennent le goût de l’exploitation des ressources naturelles, notamment de l’or, pour devenir incontrôlables.

Claude Sengenya