A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA, ce 1er décembre, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) se rappelle de son arrivée à Kinshasa et des progrès qu’elle a réalisés dans cette lutte.
Lorsque l’ONG internationale ouvre les portes du centre de traitement en mai 2002, la situation est critique, dit-elle dans son communiqué. “ Plus d’un million d’hommes, femmes et enfants vivent alors avec le VIH en RDC, mais le traitement antirétroviral (ARV) est rare et hors de prix dans le pays. Au début des années 2000, le virus y tue entre 50 000 et 200 000 personnes chaque année, selon l’ONUSIDA ”.
« À l’époque, être infecté par le VIH équivalait pour beaucoup à une condamnation à mort. Les traitements antirétroviraux existaient, mais ils étaient hors de prix et donc inaccessibles pour l’écrasante majorité des patients. Même MSF, dans les premiers mois du centre, n’avait pas d’ARV et devait se contenter de soigner les symptômes et les infections opportunistes. C’était très dur », explique le Dr Maria Mashako, coordinatrice médicale pour MSF en RDC.
Première structure de soins à offrir le traitement ARV gratuitement aux patients à Kinshasa, le centre de traitement de MSF a rapidement été submergé par un nombre élevé de personnes n’ayant d’autres possibilités de se soigner.
Le docteur Mashako s’en rappelle encore : « C’était juste intenable. Les consultations commençaient à l’aube et se terminaient durant la nuit. Il y avait tellement de patients… ». Pour élargir l’accès aux soins et aux traitements, MSF s’est lancé dans un programme d’appui à des centres de santé et des hôpitaux. Rien qu’à Kinshasa, ses équipes ont appuyé une trentaine de structures de soins au cours des deux dernières décennies pour offrir gratuitement des tests de dépistage, assurer l’accès aux traitements et à des soins de qualité.
MSF dit avoir également mis sur pied un modèle de soins pilote qui permettait pour la première fois à des infirmiers de prescrire le traitement et d’assurer le suivi des personnes vivant avec le VIH. Une initiative cruciale puisque, jusqu’alors, seule une poignée de médecins par province étaient autorisés à le faire. En 20 ans, ces investissements ont permis de mettre près de 19.000 personnes sous traitement ARV gratuit dans la capitale congolaise et de former d’innombrables travailleurs de la santé du ministère.
« Cet appui médical était fondamental, mais ne suffisait pas. Il fallait désengorger les structures de soins tout en rapprochant le traitement des patients. En collaboration avec le réseau national d’associations de patients, nous avons décidé de lancer des postes de distribution d’ARV, directement gérés par les patients », ajoute le Dr Mashako.
Selon MSF, la RDC dépend presque exclusivement des bailleurs internationaux dans la lutte contre le VIH/SIDA. Or, leur appui est insuffisant face à l’ampleur des défis.
Selon le Programme national de lutte contre le VIH/SIDA, seules trois provinces ont les équipements adéquats pour assurer la mesure de la charge virale des patients, pourtant essentielle pour évaluer l’évolution de l’infection et l’efficacité de leur traitement. Ces dernières années, certains reculs ont même été observés. Ainsi, les activités destinées à réduire la transmission du VIH de la mère à l’enfant, par le dépistage des femmes enceintes et la mise sous traitement, sont en baisse. « Un quart d’enfants nés de mères séropositives n’a pas eu accès à la prophylaxie pédiatrique à la naissance, notamment à cause des ruptures d’ARV pédiatriques. Plus globalement, les deux tiers des enfants vivant avec le VIH ne sont pas sous traitement ARV ».
En 2022, MSF dit appuyer le ministère de la santé dans la prise en charge du VIH/SIDA à Kinshasa et dans 6 provinces de la RDC (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema, Ituri, Kasaï Oriental et Kongo Central). Cet appui prend la forme d’une prise en charge directe des patients, de formations pour les prestataires de soins et d’une mise à disposition d’intrants.
Thérèse Ntumba