RDC : le numérique, un danger pour l’éducation des filles ? 

Photo/ Actualité.cd
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Le 11 octobre, les droits des filles sont mis à l’honneur. Cette année, le monde a célébré le 10ème anniversaire depuis que cette journée a été instaurée. Cela coïncide avec l’éclosion des NTIC  et principalement les réseaux sociaux. Quel impact le numérique a-t-il sur l’éducation des filles ? des parents kinois ont livré leurs points de vue au Desk Femme.  


« Je ne crois pas que les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) aient eu un impact négatif sur l’éducation des filles », s’exclame Mavie-Chantal Pemba, commerçante au marché central.

 
Et de renchérir, « lorsqu’on était plus jeunes, l’école nous a appris, à travers les matières d’éducation à la vie, que si l’éducation formelle échoue, elle cède sa place à l’éducation de rue, l’éducation diffuse. Les enfants apprennent par eux-mêmes, par les amis, par des adultes mal intentionnés, ce que les parents ne leur apprennent pas. Et les conséquences sont souvent très néfastes. Malheureusement, notre société a longtemps fonctionné comme cela. Le tabou sur le sexe prend le dessus et on ne le brise pas. Les NTIC n’y sont pour rien».  


Si Mavie-Chantal pointe du doigt le tabou autour de la sexualité, Lucien Kazadi interpelle la répartition de l’éducation des enfants dans les ménages. « On a souvent tendance à laisser la charge de l’éducation des filles aux mères. Et celle des garçons aux pères. Ce n’est pas une mauvaise chose. Mais je me suis rendu compte, avec mes enfants à la maison, que les filles ont tendance à plus se confier à leurs papas et les garçons à leurs mamans. On ne voit pas les choses de cette façon. Et je pense que cette façon de concevoir l'éducation a détruit l’humanité.»


Un réel danger


Jeancy Mapala, conducteur de taxi-bus sur le tronçon Matete-Zando et Christine Diketele, une femme kimbanguiste rencontrée à Barumbu estiment que le numérique a eu plusieurs impacts néfastes sur l’éducation des jeunes filles et ils le démontrent.  


« Le numérique est un danger pour la jeune fille congolaise. C’est là qu’elles vont tout apprendre sur les relations amoureuses et sexuelles. C’est là qu’elles entretiennent des relations à distance avec des parfaits inconnus qui leurs demandent des photos d’elles toutes nues, bref, c’est là qu’elles copient les antivaleurs », fustige le conducteur. 


A Christine Diketele de se plaindre, « Nos filles ne sont plus brillantes à l’école. Le numérique leur facilite tellement la vie qu’elles n’ont plus le temps de retenir certaines leçons. L’orthographe des mots se trouve sur les moteurs de recherche, idem pour les opérations de mathématiques (…). Les professeurs aussi ne les aident pas. Autrefois, les enfants revenaient toujours avec des devoirs à faire à domicile. Ce n’est plus le cas. Les enseignants en donnent quand cela leur convient. Les filles mettent plus de temps à se divertir sur les réseaux sociaux plutôt qu’à étudier ». 


Comment y remédier ? 


En ce qui concerne les pistes de solution, les points de vue des parents interrogés convergent sur l’éducation sexuelle complète et la délimitation du temps d’usage des téléphones. 


« L’éducation sexuelle complète est le seul remède qui peut tenir face à cette réalité. Un parent qui maintient une relation ouverte avec sa fille plutôt que de lui refuser l'accès à un smartphone prévient les dérives. Il aura un enfant prêt à tout lui raconter sur ses quotidiens », conseille Jeancy Mapala. 


« Pour briser le tabou, il n’y a qu’une seule solution. Instaurez le climat de confiance avec les jeunes, parlez-leur correctement de la vie, parlez-leur de la vie et de tous ses contours, répondez à leurs questions sur des histoires puisées sur internet. Observez leurs réactions, leurs attitudes, leurs silences. Faites en sorte que rien ne vous échappe », ajoute Mavie-Chantal


« Il faut les priver de téléphone par moment. Même l’ordinateur. Les parents doivent occuper les filles autrement à la maison plutôt que de leur donner des téléphones. Pour qu’elles sachent que la vraie vie ne s’arrête pas au virtuel », insiste Mme Diketele.

Prisca Lokale