Le doctorant et enseignant en science politique ainsi qu’à l’introduction à l'étude des conflits, Yvon Muya, s'est exprimé à ACTUALITE.CD sur les tensions entre la RDC et le Rwanda à la suite de la résurgence du mouvement du M23. Ce spécialiste déclare ne pas encourager l'alternative d'une guerre mais plutôt des pourparlers avec toutes les parties impliquées aux conflits, tout " en poursuivant avec la défense de l’intégrité du territoire national ".
Pour Yvon, la voie diplomatique reste “incontournable” car elle préserve notamment des vies.
" Pour preuve, les Russes et les Ukrainiens qui sont impliqués dans le plus grand conflit du moment n’ont pas fermé les canaux de discussions. Même en continuant de défendre l’intégrité du territoire national, le gouvernement congolais privilégiera la voie diplomatique pour deux raisons : 1) cela lui permet de continuer de faire valoir ses intérêts auprès des pairs 2) la solution diplomatique préserve des vies et les Congolais qui sont dans les zones de guerre en ont besoin. Comme chacun le sait, le conflit dans l’est du pays implique des enchevêtrements qu’un léger compromis ne saurait endiguer. C’est qu’il faut, c’est toute une politique de paix sur les Kivus. Il faut identifier tous les acteurs qui participent aux conflits dans cette partie du pays. Mais c’est la seule voie possible. La guerre a, on l’a vu, montré ses limites, les pourparlers sélectifs, aussi. Il faut une approche intégrative menée par des spécialistes ", dit ce spécialiste en conflits.
A la question de savoir si la Chine et la Russie pourraient être des alliés à privilégier pour résoudre la crise dans l'Est de la RDC, Yvon Muya note :
" Je ne sais pas par quel mécanisme les deux pays pourraient être la solution. Ce n’est un secret pour personne que la position stratégique de la RDC et les minerais dont dispose le pays le place au carrefour des rivalités géopolitiques. De là à voir la Chine et la Russie prendre le dessus sur les Occidentaux, j’ai de sérieux doutes. L’expérience burundaise est illustrative. En plein bras de fer avec l’Union européenne et les États-Unis, Pierre Nkurunziza s’est jeté dans les bras de la Chine en fermant complètement le pays. Cette posture s’est révélée dévastatrice pour l’économie du pays. Un virage sino-russe pourrait avoir les mêmes conséquences pour la RDC ", a dit Yvon Muya.
Malgré le sommet de Luanda et les offensives des FARDC contre le M23, la cité de Bunagana notamment demeure sous contrôle des rebelles du M23 jusqu'à ce jour.
Ivan Kasongo