RDC : la bataille de Kigali et de Kampala pour le contrôle des minerais congolais (rapport)

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Dans leur rapport publié ce mardi, le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’Université de New York et son partenaire de recherche Ebuteli remettent le contrôle des minerais congolais au cœur de la résurgence du M23 et du lancement de l’opération conjointe FARDC-UPDF. 

Les deux entités de recherche expliquent que Dott Services qui a été choisi pour mener les travaux de construction des routes reliant la RDC à l’Ouganda est un acteur majeur dans la compréhension dans le regain des conflits dans la région. 

Pour le contexte, la RDC et l’Ouganda sont liés par des accords devant aboutir à la construction et la modernisation de 1 182 kilomètres de réseau routier principal reliant les deux pays. Ce projet se déroule par étape. La première concerne 223 kilomètres de routes prioritaires pour un coût estimé à 335 millions USD. Trois parties se sont engagées à financer cette première étape. L’Ouganda et la RDC contribueraient à hauteur de 20% chacun et Dott Services, l’entreprise de mise en œuvre va couvrir les 60% restants (201 millions USD). Kampala a déjà autorisé le décaissement de 66 millions, alors que Kinshasa ne s’est toujours pas prononcé sur les premiers décaissements alors que le projet a été officiellement lancé en juin 2021 par Yoweri Museveni et Félix Tshisekedi.

GEC et Ebuteli expliquent qu’en novembre 2020, Dott Services avait signé un contrat avec la société minière publique congolaise Sakima, par lequel elle a acquis des sites miniers d'importance stratégique dans la province du Maniema, riches en étain, tantale et tungstène, ainsi qu’en or. 

« Pour ce faire, elle a créé la coentreprise Punia Kasese Mining (PKM), dont elle détient 70% des parts. Les 30% restants appartiennent à la société minière publique congolaise Sakima. Le contrat prévoit également la création d'une usine de traitement de minerais et de métaux précieux permettant à la coentreprise de lancer des projets d'infrastructures dans la région, ainsi que la réhabilitation et le développement d'actifs hydroélectriques », détaille le rapport du GEC et Ebuteli.

Parallèlement, le Rwanda s’est montré également actif dans le secteur minier en RDC. Kinshasa et Kigali ont signé en juin 2021, une série de contrats miniers. Il y a notamment l’accord signé entre les présidents des deux pays, stipulant que l'or produit par Sakima sera raffiné au Rwanda par la société locale relativement inconnue Dither Ltd. Dither et Sakima ont également signé un autre contrat qui dit que Dither fournira un financement pour « le début des opérations minières », ajoutent GEC et Ebuteli.

En 2021, l'or était le produit d'exportation le plus important de l'Ouganda, pour une valeur de 2,24 milliards de dollars. « La majeure partie de cet or provient de la RDC et une baisse de l'accès à l'or congolais entraînerait des conséquences économiques majeures », ajoutent les chercheurs.