RDC : " espoirs et inquiétudes", un nouveau rapport sur la situation des droits de l'homme trois ans après l'arrivée de Félix Tshisekedi à la tête du pays

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Photo ACTUALITE.CD

La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), la Ligue des Électeurs, l'Association africaine de défense des droits de l’Homme (ASADHO) et le Groupe Lotus ont rendu public mardi 7 juin au centre culturel du Collège Boboto à Kinshasa une note sur l’état de la situation des droits humains en République Démocratique du Congo à une année de la fin du premier mandat du Chef de l'État Félix Tshisekedi. Cette note est intitulée :" Espoirs et Inquiétudes en République Démocratique du Congo, trois ans après la soumission d'une feuille de route par nos organisations, ou en sont  les cinq priorités adressées au Président Félix-Antoine Tshisekedi ?". 

La note de ces organisations de défense des droits de l'homme revient sur les cinq priorités qui avaient été détaillées dans une feuille de route et adressées en mars 2019 au président Félix Tshisekedi nouvellement élu. Il s'agit de (i)  la lutte contre l’impunité, la promotion de la vérité et le renforcement de la justice afin de garantir une réconciliation nationale et une paix durable ; (2) le respect des droits et libertés fondamentales et la promotion du dialogue politique ; (3) la défense et la promotion des droits des femmes et de l’égalité de genre ; (4) le renforcement de l’État de droit et de la démocratie ; (5) la coopération avec la communauté internationale et régionale et la mise en œuvre des mécanismes de protection des droits humains.

Pour ces organisations de la société civile, l’alternance politique avec l’arrivée au pouvoir du président Tshisekedi en 2019 avait suscité beaucoup d’espoirs auprès de la population congolaise après des années de régime autoritaire. Cet espoir a été suivi de quelques actions encourageantes en matière de justice transitionnelle et de coopération régionale et internationale.

" Des efforts ont été pris dans la mise en œuvre d’initiatives en matière de justice transitionnelle, que ce soit au niveau provincial par la poursuite des consultations populaires, ou au niveau national, par la mise en œuvre d’une commission mixte et d’une feuille de route. Nous saluons tout particulièrement la réouverture du procès dans l’affaire Chebeya/Bazana, mais il est désormais nécessaire d’ouvrir des enquêtes et de poursuivre les plus hauts responsables des crimes commis, et donc d’acter la révocation de John Numbi pour que celui-ci puisse comparaître devant la justice le cas échéant ", a fait savoir Paul Nsapu, Président de la Ligue Électeur.

Toutefois, le sentiment général, tel que recueilli par ces organisations, est plutôt à la désillusion, tant les promesses et les annonces faites dès le début du mandat présidentiel n’ont pas été suivies d’effet.

" La loi sur la protection des défenseur-es doit être discutée sans plus attendre, afin qu’une protection juridique soit enfin accordée aux personnes luttant pour la protection et la promotion des droits humains en RDC. Les attaques et menaces contre les défenseurs des droits humains doivent cesser et que leur place et rôle dans le processus démocratique et le respect des droits humains soient reconnus ", a indiqué Dismas Kitenge, Président du Groupe Lotus.

Pour l’ASADHO, des inquiétudes mêmes sont apparues en cours de mandat, avec le recours à certaines pratiques utilisées sous le régime du Président Joseph Kabila Kabange.

" Nos organisations notent avec préoccupation un rétrécissement de l’espace civique et démocratique qui se traduit par de nombreux cas d’atteintes à la liberté de mouvement et au droit à la liberté de la personne à l’encontre d’opposants politiques, mais aussi de défenseur-es des droits humains et de journalistes, par des autorités administratives et judiciaires notamment. Ces atteintes sont d’autant plus nombreuses dans les provinces et notamment en Ituri et au Nord-Kivu visées depuis 2021 par l’état de siège, où l’armée est en charge de l’administration et du maintien de l’ordre ", a soulevé Maître Jean Claude Katende, Président de l’ASADHO.

Face à ce tableau présenté, ces organisations de défense des droits de l'homme ont formulé des recommandations. Ils estiment qu'à une année de la fin du mandat si des efforts sont fournis, c'est possible d'améliorer la situation des droits de l'homme en RDC.

" Les efforts entrepris par le gouvernement congolais depuis le début de son mandat doivent être accentués et une attention particulière à la situation des droits humains est requise à l’approche de l’échéance électorale pour veiller au respect de l’État de droit et des principes démocratiques en RDC ; Nos organisations appellent ainsi les autorités congolaises à prendre des actions visant à rétablir la confiance de la population congolaise envers certaines de ses institutions, à commencer par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), garante de la tenue d’élections crédibles, transparentes et indépendantes;  FIDH, la Ligue des Électeurs, l’ASADHO et le Groupe Lotus rappellent leur attachement à ce que les élections se tiennent dans les délais constitutionnels, l'adoption imminente de la loi en rapport avec la protection des défenseurs des droits de l'homme afin de leurs permettre de travailler en toute quiétude ", ont-elles fait savoir dans la note rendue publique

Clément MUAMBA