Le vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, s'est exprimé sur la visite entamée ce mardi 7 juin par le Roi Philippe de la Belgique en RDC. Le Chef de la diplomatie congolaise reconnaît que le passé entre Congolais et Belges n'était pas rose et estime qu'il est temps de regarder ensemble vers l'avenir.
Il estime que le retour des reliques de Lumumba ne doit pas être considéré comme quelque chose d'anodin mais c'est comme un mea culpa de la Belgique qui permettra à la RDC de faire réellement le deuil de Patrice Emery Lumumba.
« Je vais vous dire ceci : l'histoire est écrite mais je ne crois pas qu'il y a quelqu'un qui a la capacité et le talent de réécrire l'histoire, qui est elle-même un fait du passé. Mais le devoir que nous avons, c'est le devoir de mémoire et surtout de tirer les leçons de l'histoire (...). je pense que ce qui se fait aujourd'hui, d'abord, il faut apprécier déjà qu’au niveau du parlement belge, il y a une commission qui a été créée, qui a instruit, qui a restitué à l'histoire sa vérité, chacun peut avoir sa contestation, c'est normal et on a tiré des leçons. La Belgique a reconnu ses responsabilités et il y a eu même des dispositions, je crois qu'on a parlé de la Fondation Lumumba », a réagi Christophe Lutundula lors d'un briefing conjoint avec son collègue de la communication et médias lundi 6 juin.
Et de poursuivre :
« A ce niveau là, il faut dire que la restitution de la vérité se fait quelqu'en soit l'opinion qu'on peut en faire et aujourd'hui la relique, au niveau de l'imaginaire populaire, ce n'est pas qu'une question de dent, c'est une question de deuil depuis janvier 1961. C'est maintenant, dans quelques jours que les Congolais vont faire le deuil de Patrice Emery Lumumba. C'est un geste fort, c'est un geste de contrition, c'est une reconnaissance que ça été un crime, il fallait une réparation. Quelque part la réparation n'est pas que liquide, n'est pas que matérielle, il y a une réparation qui est une thérapie par rapport à la mémoire collective, c'est ce qui est en train de se faire, donc de ce côté là moi, je crois qu'il faut apprécier cela ».
Réagissant à la préoccupation de savoir pourquoi le Roi n'est pas venu directement avec les reliques de Lumumba lors de cette visite, Christophe Lutundula a tenu à rappeler que dans le système politique belge, le Roi règne mais ne gouverne pas. La question des reliques a été traitée entre la famille et le gouvernement belge dirigé par un Premier ministre.
« La question de la relique a été traitée, et est traitée au niveau du gouvernement belge qui gère le Royaume et la famille de Patrice Émery Lumumba. C'est l'institution qui a les prérogatives constitutionnelles qui a traité la question et la réponse a été oui. On va rapatrier la relique le 20 juin. Donc il n'y a pas lieu de penser que le fait qu'on a pas vu le Roi actif peut-être comme on l'aurait souhaité on croit que ça ne le concerne pas. Il faut vous situer dans le contexte des institutions de la Belgique », a rassuré Christophe Lutundula.
La dernière visite du Roi des Belges en RDC était en 2010 lors du 50ème anniversaire de l'indépendance sous le président Joseph Kabila Kabange. La visite du couple royal belge et de quelques membres du gouvernement, sur invitation de Félix Tshisekedi, prévoit un entretien avec le président congolais, un discours devant le parlement mercredi, un autre devant les étudiants de l'Université de Lubumbashi dans la partie sud du pays. La dernière étape de la visite est prévue dans l'est du pays dans un contexte de résurgence des hostilités entre les rebelles du M23 et les forces loyalistes congolaises avec notamment une visite à Bukavu pour un entretien avec le Docteur Dénis Mukwege.
Clément MUAMBA