Les déplacés ayant fui les récents affrontements entre les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du mouvement du 23 mars (M23), appuyés par le Rwanda, dans les territoires de Nyiragongo et de Rutshuru (Nord-Kivu) retournent progressivement chez eux. Ce, après que l'armée a pris le contrôle de la situation. D’autres hésitent encore et exigent beaucoup plus d'assurances de la part des autorités au sujet de leur sécurité, avant d'envisager un quelconque retour.
Certains déplacés de Rumangabo et Kabaya dans le territoire de Rutshuru rejoignent progressivement leurs habitations. Sur place, les activités reprennent timidement.
« Les activités fonctionnent déjà comme d'habitude, les boutiques ont rouvert, seulement les habitants n'ont pas accès aux champs pour chercher quoi mettre sous la dent car certaines zones voisines sont encore suspectes, entre autres, Kanombe et Nyesisi. Et donc, la situation semble être maîtrisée. Les habitants de Rumangabo et Kabaya qui s'étaient déplacés regagnent leurs ménages et les FARDC se comportent bien sur le terrain. Elles font leur travail. Nous demandons à la population de soutenir l'armée loyaliste, de coopérer, de dénoncer tout cas de complicité avec l'ennemi et de ne pas céder à la manipulation de la part des ennemis de la paix », a dit Innocent Tuyisabe, membre de la société civile locale de Kisigari.
Ceux de Kibumba et Buhumba dans le territoire de Nyiragongo retournent également mais, à petit nombre.
« Nous avons peur de rentrer parce que les autorités ne nous ont pas encore dit de retourner chez nous. Nous craignons qu'il y ait encore des bombes, des mines qui n'ont pas encore explosé chez nous à Kibumba. C'est donc un risque pour les habitants », témoigne un déplacé de Kibumba, rencontré à l’école primaire Kanyaruchinya, tout juste au Nord de Goma.
« Ceux qui n'ont pas peur rentrent juste pour chercher de quoi mettre sous la dent notamment des pommes de terre. Nous sommes nombreux qui avons peur de retourner. Peut être que les rebelles se cachent encore dans des maisons ou dans la forêt », a témoigné une autre femme déplacée rencontrée à Kanyaruchinya.
Et à celui-ci d'ajouter :
« Nous ne croyons pas que l'ennemi a vraiment déjà quitter chez nous. Nous ne refusons pas de retourner mais il nous faut plus d'assurance au sujet de notre sécurité. Le parc est vaste. On peut dire qu'ils ne sont plus là alors qu'ils se cachent encore dans la forêt ».
Le Président des déplacés de Kibumba et Buhumba qui sont cantonnés à l'EP Kanyaruchinya, Justin Kamana, plaide pour sa part en faveur du retour effectif de la paix dans leurs milieux d’origine et au retour organisé des déplacés.
« La population a l'expérience de la guerre. Nous avons fui la guerre de l'AFDL, du CNDP et à maintes reprises, celle du M23. Les habitants hésitent à regagner leurs milieux d'origine parce qu'ils craignent la reprise des atrocités tout juste après leur arrivée. C'est important que les humanitaires suivent de près la situation pour que les gens rentrent progressivement. Parce que, si les gens rentrent brusquement, ce sera comme si on les forçait au retour. Il y a 3 familles de Kibumba et 2 de Buhumba qui sont retournés lundi. Elles avaient déjà reçu l'assistance du PAM. Les gens se débrouillent pour rentrer parce qu'il n'y a pas des moyens de transport mis à leur disposition » a-t-il dit.
Le calme est de retour depuis le week-end dernier à Kibumba et Buhumba dans le territoire de Nyiragongo ainsi qu’à Rumangabo et Kabaya dans le territoire de Rutshuru. Le trafic qui a, momentanément, été suspendu sur l'axe Goma-Butembo en passant par Kibumba et Rutshuru, suite aux affrontements de près d'une semaine entre l'armée loyaliste et le M23 a officiellement repris dimanche dernier. Les autorités ont appelé au retour de la population. C'est le cas de l'administrateur policier du territoire de Nyiragongo, le commissaire supérieur principal Iduma Molengo qui a affirmé m, en étant sur place à Kibumba lundi, qu'au regard de l’évolution de la situation sur le terrain, la population n’avait plus rien à craindre pour retourner.
L’armée a confirmé, mercredi dernier, l'attaque de ses positions aussi bien dans le territoire de Nyiragongo que celui de Rutshuru. Dans une communication faite à la presse, le porte parole du Gouverneur militaire, le lieutenant général Constant Ndima, a affirmé que plus de 20 obus et bombes tirés de l'est vers l'ouest de l'axe routier Goma Rutshuru ont explosé mardi et mercredi sur le territoire congolais a Katale, non loin de la poste d'aviation de l'institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), à Rumangabo et dans les environs. Le général Sylvain Ekenge a affirmé que des effets militaires non utilisés, ni par l'armée, ni par les M23 ont été récupérés sur le champ des combats.
Jonathan Kombi, à Goma