L'essai clinique Anticov, lancé en septembre 2020 dans 13 pays africains afin d'identifier des traitements pour les cas légers à modérés de Covid-19, a cessé de recruter des patients dans l'un des bras de l’étude qui testait l'association thérapeutique nitazoxanide+ciclésonide inhalé.
En effet, suite à la troisième analyse réalisée sur un total de 946 patients inclus dans tous les bras et ayant un résultat connu lors de la dernière visite (jour 21), le comité indépendant de surveillance des données et de la sécurité (Data and Safety Monitoring Board, ou DSMB) d'Anticov a conclu qu'une futilité précoce (c’est-à-dire une très faible efficacité) a été observée pour le bras nitazoxanide+ciclésonide inhalé de l'étude.
« Les analyses intermédiaires ont montré que 1,13 % des patients (5 sur 443) dans le bras témoin (paracétamol) ont vu leurs symptômes se détériorer (leur taux d'oxygène dans le sang est passé sous le seuil de 93 %) contre 3,25 % des patients (15 sur 462) traités par l'association nitazoxanide + ciclésonide. Le DSMB en a conclu qu'il n'y avait pas eu de preuve convaincante de l'efficacité de cette association sur les patients COVID-19 présentant des symptômes légers à modérés, par rapport au groupe témoin. Ces résultats montrent que le traitement nitazoxanide + ciclésonide a très peu de chances de prévenir la progression vers des symptômes sévères du COVID-19 par rapport au groupe témoin », informe Anticov.
Le DSMB a également établi qu'aucun problème de sécurité n'avait été détecté. Le Comité Directeur Conjoint (Joint Steering Committee) d'Anticov a approuvé la recommandation du DSMB d'arrêter le recrutement dans ce bras.
« Nous avons besoin d'essais thérapeutiques de grande envergure, adaptés au contexte des pays à revenu faible et intermédiaire qui ont été largement laissés de côté par la recherche sur le Covid-19, pour nous informer sur ce qui fonctionne et ne fonctionne pas. Ce résultat, obtenu grâce au travail acharné des chercheurs des pays partenaires d'Anticov, montre la pertinence des essais cliniques à plate-forme dite adaptative. Ce sont là des données importantes qui ont été obtenues en Afrique, par des chercheurs africains avec leurs partenaires internationaux, et qui permettront d’éclairer les décisions de santé publique prises sur le continent et dans le monde », a déclaré Nathalie Strub-Wourgaft, directrice en charge de la réponse Covid-19 de DNDi l’ONG de recherche médicale qui coordonne l’étude.
Un communiqué du 10 février dernier avait annoncé que l’essai clinique Anticov avait commencé à recruter des participants afin d’évaluer une nouvelle association thérapeutique, fluoxétine+budésonide, destinée à prévenir l’évolution des formes légères à modérées de Covid-19 vers une forme sévère.
L’étude Anticov est menée par un consortium de 26 organisations africaines et institutions internationales de recherche et développement de premier plan, coordonnées par l’ONG de recherche médicale DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative ou initiative Médicaments contre les Maladies Négligées), une organisation de recherche et développement (R&D) à but non lucratif.
Thérèse Ntumba