Suspension de la grève des professeurs à l’ESU : « la qualité de l'enseignement dans des universités surtout publiques dépend à 90% des conditions des profs », les étudiants donnent de la voix

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Restés à la maison pendant plus d’un mois alors que la rentrée académique 2021-2022 a officiellement eu lieu le 5 janvier dernier, les étudiants des instituts et universités publiques sur l’ensemble du territoire national s’apprêtent désormais à reprendre les cours dans les prochains jours. En effet, le gouvernement et le Réseau des associations des professeurs des Universités et Instituts Supérieurs du Congo (RAPUCO), ont signé un protocole d'accord lundi 14 février dernier pour la suspension de la grève des personnels.

L’attente aura été longue pour les étudiants. Ce bout de tunnel sur les négociations entre les parties prenantes enchante les étudiants étant donné que la reprise des cours ne devrait plus tarder. Pour eux, ce protocole d’accord est aussi le fruit de leur revendication.

Amede Kaya de la faculté des lettres à l'Université de Kinshasa (UNIKIN) pense qu’un bon compromis a été trouvé cette fois entre les professeurs et le gouvernement pour la levée de cette grève au regard de la détermination dont les académiques ont fait montre.

« C'est un ouf de soulagement pour moi. Je pense que les professeurs réclamaient ce qui est de leur droit. Nous devons savoir une chose que la qualité de l'enseignement dans des universités surtout publiques dépend à 90% des conditions des professeurs à l'Université. Je pense que l'état a compris. Je suis content non seulement parce que nous allons reprendre les cours mais aussi parce que nous serons bien enseignés, parce que les professeurs sont satisfaits de leur besoin », a-t-il expliqué à ACTUALITE.CD.

La satisfaction est tous azimuts. De l’Université Pédagogique nationale (UPN) à l’Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la communication (IFASIC) notamment.  

« Je suis vraiment très contente. Nous avons passé presque deux mois à la maison et nous n'étions pas délibérés. Nous étions vraiment impatients de retrouver l’Université et de reprendre les cours. Rester à la maison, nous ne sommes pas habitués. Nous sommes habitués à nous lever tôt, à venir à l'Université. Nous passons toutes nos journées ici à la fac. À la maison, on y reste que des petits jours seulement »,  a dit Sifa, étudiante en Droit à l’UPN.

« Ça fait plaisir en fait parce que rester à la maison, ce n'est pas trop bénéfique plutôt que de venir ici à l'Université pour étudier au lieu de passer le temps à la maison sans rien faire. Entre-temps, l'intelligence aussi est en train de s'endormir. On vient ici pour acquérir de la connaissance. Donc le cerveau doit être toujours en marche », a ajouté Yuri, étudiant en gestion économie dans la même université.

Il faut noter que ce retard sera non sans conséquence sur le calendrier académique. Ce, après avoir accumulé près de deux mois d’inactivité. Déjà, lors des deux précédentes années académiques, les étudiants se sont vus confronter aux perturbations des calendriers dues à la pandémie de la Covid-19.

« De fois, il nous arrive de faire l'examen d'un cours dont on n'a pas terminé. En droit, nous avons beaucoup de matières. Donc nous devons prendre beaucoup de temps, faire de recherche etc. », a déploré l’étudiante Sifa de l’UPN, qui appelle au réaménagement du nouveau calendrier académique afin de ne pas subir le même sort.

« Qu'on nous rajoute même un mois supplémentaire. Je pense que ça sera quand même suffisant pour compenser le retard accumulé. Nous sommes déjà des adultes donc nous saurons s'y apprendre », a, pour sa part, ajouté Mobila, étudiant en Multimédia à l’IFASIC.

Il faut signaler que depuis que cette grève a été décrétée, il règne un climat de timidité dans les sites universitaires publics à Kinshasa. A l'UPN comme l’UNIKIN, seuls les étudiants nouvellement recrutés se rendent au campus pour notamment s’informer sur la reprise des cours.

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Lévi Bonkono