Covid-19 en Afrique : l’essai clinique ANTICOV essaie une nouvelle association thérapeutique pour prévenir les formes légères de la maladie

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Laboratoire/Ph. droits tiers

L’essai clinique ANTICOV a commencé à recruter des participants afin d’évaluer une nouvelle association thérapeutique, fluoxétine + budésonide, destinée à prévenir l’évolution des formes légères à modérées de COVID-19 vers une forme sévère.  Le consortium l’a annoncé ce 10 février dans un communiqué.

L’étude ANTICOV est menée par un consortium de 26 organisations africaines et institutions internationales de recherche et développement de premier plan, coordonnées par l’ONG de recherche médicale DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative ou initiative Médicaments contre les Maladies Négligées), une organisation de recherche et développement (R&D) à but non lucratif.

« Nous devons urgemment trouver un traitement oral contre le COVID-19 qui soit sûr, abordable, accessible et adapté aux besoins spécifiques des pays à revenu faible et intermédiaire. Les médicaments antiviraux contre le COVID-19, dont l’utilisation a récemment été approuvée aux États-Unis, dans l’Union européenne, en Inde et dans d’autres pays, semblent être capables d’empêcher une aggravation de la maladie lorsqu’ils sont administrés à des patients à haut risque dans les cinq jours suivant l’apparition de symptômes. L’enjeu est de savoir si ces antiviraux seront immédiatement accessibles à tous ceux qui en ont besoin, en particulier dans les régions où l’accès aux vaccins reste à un niveau inacceptable. Moins de 6% de la population des pays à faible revenu a été entièrement vaccinée contre le COVID-19 », a déclaré Nathalie Strub-Wourgaft, Directrice en charge de la réponse COVID-19 de DNDi.

Le consortium ANTICOV informe que la nouvelle association thérapeutique testée par ANTICOV comprend la fluoxétine, mieux connue sous son nom commercial Prozac. Le potentiel de la fluoxétine contre la COVID repose sur un mécanisme d’action totalement différent de celui de ses propriétés antidépressives : elle empêche le virus de se reproduire en prévenant l’entrée du virus dans les cellules et peut également avoir une activité immunosuppressive. Ce médicament est sûr et largement disponible. En août 2021, l’étude TOGETHER a montré qu’une molécule différente mais appartenant à la même classe de composés était efficace contre le COVID-19, permettant de réduire, jusqu’à 30%, le nombre de décès et d’hospitalisations.

« La fluoxétine sera testée en combinaison avec le budésonide, un corticoïde inhalé, sûr et bon marché, connu pour sa puissante efficacité anti-inflammatoire dans les poumons. Des études ont montré que le budésonide, s’il est administré à un stade précoce d’une infection au COVID-19, améliore le temps de récupération des patients ambulatoires et peut réduire le nombre d’hospitalisations et de décès. La fluoxétine et le budésonide sont déjà disponibles sur le marché et seront donc abordables, faciles d’accès et simples à administrer s’ils se révèlent efficaces contre le COVID-19. Il s’agit du cinquième bras de l’étude ANTICOV depuis son lancement en novembre 2020 », note le Consortium.

L’étude ANTICOV, qui est actuellement menée dans 13 pays africains et s’étendra bientôt à d’autres pays d’Asie du Sud et d’Amérique latine, vise à identifier des traitements contre le COVID-19, qui soient adaptés à une utilisation dans un contexte de ressources limitées.  C’est la plus vaste étude en Afrique à avoir pour objectif d’identifier des traitements précoces contre le COVID-19, capables de prévenir la progression de la maladie vers une forme sévère et de potentiellement limiter sa transmission.

Le consortium ANTICOV est principalement financé par le ministère fédéral de l’éducation et de la recherche allemande (BMBF), à travers l’établissement de crédit pour la reconstruction (KfW), et par l’agence pour la santé mondiale Unitaid, dans le cadre du dispositif ACT-A.

Thérèse Ntumba