4 janvier 1959 : pour Célestin Musao, l'inconstance et la transhumance des opérateurs politique déshonorent la mémoire des Martyrs de l’indépendance

Emeutes le 4 janvier 1959 à Kinshasa
Emeutes le 4 janvier 1959 à Kinshasa

A l’occasion de la commémoration de la journée du 4 janvier, le professeur Célestin Musao a déploré l’inconstance et la transhumance des acteurs politiques congolais qui, d’après lui, ne permettent pas d’honorer les Martyrs de l’indépendance 63 ans après. Il fait notamment allusion au changement de camp politique par plusieurs acteurs après la fin de la coalition FCC-CACH.

" Dois-je avouer à haute et intelligible voix ce que d'aucuns murmurent tout bas : l'élite au sein de notre classe politique patauge et crache sur les martyrs. Aujourd'hui bien plus qu'hier, les précurseurs de notre indépendance sont loin d'être honorés à leur juste valeur, eu égard à la théâtralisation de la scène politique. Dans leurs tombes, ils sont inquiets et attendent justice de notre part. Puissions-nous y penser, en tant que peuple unis par le sort et par l'histoire. Inconstance et  transhumance politique récurrentes qui, du reste, déshonorent plus d'un acteur politique. Hier au FCC, aujourd'hui à l'Union dite sacrée, demain qui sait où l'on se retrouvera ? L'on s'identifie à l'opposition, mais en même temps, on se divise en mille morceaux pour organiser l'accueil du chef de file de la mouvance présidentielle. Qu'en sera-t-il de la prochaine campagne électorale ? Devra-t-on demeurer dans l'opposition ou se basculer en battant campagne pour le Chef de l'Etat ? Que des questions qui méritent des éclaircissements de la part des auteurs de la transhumance", s'interroge l'ancien rapporteur de l'Assemblée nationale.

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Et d'ajouter : " Si c'est cela la politique à la congolaise, les politologues de nos universités ont-ils encore une matière à enseigner aux apprenants et futurs cadres de notre société ?  Le bât blesse. Assez. Il y a lieu de repenser la vie politique au quotidien, faire la politique autrement selon les règles de l'art et valeurs fondamentales de la politique telle qu'en vogue de par le monde. Car qu'on se le tienne pour dit, face aux moult défis qui bloquent le développement de notre beau pays,  il est temps de prendre courage afin de se dire toute la vérité. Il est temps de réécrire autrement l'histoire de la gouvernance de notre Congo, d'honorer autrement la mémoire de nos martyrs et héros de nos mutations politiques".

Depuis la prise du pouvoir par Mobutu en 1965, plusieurs acteurs politiques avaient abandonné Lumumba et Kasa Vubu pour le rejoindre le régime de Maréchal. Même comportement à l'entrée de l'AFDL de Laurent Désiré Kabila,  quelques mobutistes s'étaient reconvertis en  mzeïste pour rester au pouvoir. Certains Mobutiste en exil, dès la mort de M'zee se sont alliés à son fils Joseph Kabila, alors président de la république, et ont occupé des hautes fonctions, du gouvernement 1+ 4 jusqu'au gouvernement Tshibala, 18 ans durant pour la plupart.

Aujourd'hui le constat est le même. Certains qui se disaient de l'opposition au sein du PPRD de Joseph Kabila, mais ont quasiment tous traversé du côté de l'Union sacrée de l'actuel président Félix Tshisekedi, soit pour être à l'abri des poursuites judiciaires au regard des soupçons d'enrichissement illicite ou des crimes qui pèsent sur la plupart d'entre eux, soit pour chercher encore à occuper des fonctions politiques.

Ivan Kasongo