Thomas Dermine a 35 ans. Il est Secrétaire d'État Belge pour la Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique scientifique. Dans ce podcast des arts du desk culture de ACTUALITE.CD, il témoigne d’un nouvel état d’esprit de son pays vis-à-vis de l’ex-Congo belge: « Aujourd’hui en Belgique, il n’y a qu’un ministre dans le gouvernement qui était déjà né au moment de l’indépendance ».
Thomas Dermine reconnaît que « des milliers d’objets, tout comme des restes humains, ont été soit acquis dans une situation d’échanges inégaux manifestes, soit pris sans consentement au Congo durant la période coloniale, c’est-à-dire les années de domination politique du Congo de 1885 à 1908 et de 1908 à 1960 ».
Chemin balisé.
Nous avons balisé une feuille de route au sein du gouvernement belge. Ce qui est important, c’est que les processus, au Congo et en Belgique doivent se rencontrer. Il faut construire des bases, avoir une approche partagée.
Le dialogue avant tout.
Les œuvres d’art sont très importantes, mais ce qui est plus important, c’est le dialogue et le processus de réconciliation entre le Congo et la Belgique qui ont un passé commun et parfois un passé trouble qu’il faut assumer et regarder en face. Ce qui est important, ce n’est pas que l’acte moral, symbolique. La restitution, c’est important, l’accompagner c’est aussi important.
Tout un processus.
On l’accompagne en réfléchissant pour construire l’infrastructure, les compétences qui permettront de préserver ces patrimoines qui ont une valeur incroyable et permettre de lui faire traverser le temps (…). Il faut un processus politique qui doit s’enclencher. Il faut dès aujourd’hui travailler sur comment préserver et conserver les œuvres ici au Congo. Il y a un nouveau musée au Congo. Il faut s’assurer que cette bonne dynamique portée par le gouvernement puisse continuer. La Belgique est prête et veut s’engager dans un dialogue plus long et sur le processus.
Un accord en 2022?
La prochaine étape, c’est jeter les bases. Il y a un colloque la semaine prochaine qui va jeter les bases d’un processus de travail et de l’accord, on l’espère, entre les deux pays qui pourrait constituer une commission mixte, on l’espère en 2022.
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Restitution vs Reconstitution.
On doit parler aujourd’hui de reconstitution plus tôt que de restitution. Restitution, c’est très européen-centré. C’est l’acte des européens de rendre. L’important, c’est de mettre dans une perspective du Congo qui est de constituer un patrimoine qui n’aurait pas du être pris. Cela permet de se reconnecter à la mémoire, à la spiritualité de ses ancêtres.
Écoutez le podcast des arts réalisé avec Thomas Dermine ici.