Intervention des troupes ougandaises dans la traque des ADF : le député Lubaya note un aveu d'échec de l'état de siège et invite Tshisekedi à sortir de son silence pour dissiper les malentendus

UPDF Ouganda
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Le député national André Claudel Lubaya s'est exprimé au sujet de l'intervention des troupes ougandaises sur le sol congolais afin de lutter contre les groupes armés nationaux et étrangers qui sèment la désolation dans ce coin de la République Démocratique du Congo.

Pour l'élu de Kananga dans la province du Kasaï Central, l'entrée en guerre des Ougandais contre ces ADF sur le territoire congolais avec l’autorisation du gouvernement est un aveu d’échec de l’état de siège, d’impuissance de l'appareil militaro-sécuritaire de la RDC et de toutes les politiques y afférentes.

« Désormais, dans l’Est de notre pays, les forces en présence sont connues : l’armée loyaliste ougandaise, les FARDC, les ADF et consorts, les FDLR. En faisant recours au fait accompli, le gouvernement congolais est aujourd’hui mis face à ses responsabilités. Il est appelé à dire toute la vérité au peuple et à s’abstenir de traiter cette question par défi. On n’engage pas une nation dans une guerre sans la prévenir ni recueillir son aval. La situation est grave. Il y a des clarifications à apporter, des leçons à tirer et des responsabilités à assumer. Le devoir de transparence et de redevabilité incombe au gouvernement qui, sur cette question, est tenu à se conformer aux lois de la République », a-t-il dit dans une déclaration rendue publique ce mardi 30 novembre.

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Il a rappelé que le Président de la République a, sur pied de l’article 74 de la Constitution, la charge de maintenir l’indépendance du pays et l’intégrité de son territoire. Face à la gravité de la situation, a-t-il noté, le devoir l’oblige à sortir de sa réserve pour rassurer la nation et la rassembler, pour lever les doutes et dissiper les malentendus.

« Il ne peut rester muet dès lors que l’intégrité du territoire est menacée, surtout que c’est en intelligence avouée avec une puissance étrangère mieux connue pour son agressivité et sa nuisance à l’égard de notre pays. Le pouvoir ougandais n’a jamais été ami de la RDC comme aucune autre nation au monde n’a des amis mais plutôt des intérêts. Y croire serait de la pure naïveté. Derrière l’intervention ougandaise, se cache certainement un agenda connu du seul pouvoir ougandais et que le Gouvernement se doit de communiquer à l’opinion en toute responsabilité et transparence », a-t-il ajouté.

Uganda people's defence force (UPDF) annonce avoir lancé ce mardi 30 novembre des opérations contre les combattants des Forces démocratiques alliées (ADF) dans le territoire de Beni, dans l'est de la RDC. Ces opérations sont coordonnées conjointement avec les "alliés", qui sont les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), indique le porte-parole du ministère ougandais de la défense.

Ces opérations interviennent au lendemain d’une communication de la partie congolaise qui précisait qu’il n’y a pas de troupes ougandaises sur le sol congolais, mais qu’il était prévu des « actions ciblées et concertées » avec l’Ouganda contre les ADF.  Ce mardi, juste après l’annonce faite par UPDF, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya a confirmé le début desdites actions.

Plusieurs sources ont confirmé depuis le week-end que le Président congolais Félix Tshisekedi avait autorisé l’entrée des troupes ougandaises au Nord-Kivu et en Ituri en vue de combattre les ADF. L’état de siège décrété dans ces deux provinces depuis six mois n’ont pas produit des résultats satisfaisants, déplorent plusieurs observateurs dont des députés nationaux qui ont même demandé à plusieurs reprises la levée de cette mesure.

Clément Muamba