Rapport sur l'exploitation illicite des minerais à Mwenga : « Si nous voulons terminer la guerre dans l'Est, nous devons commencer par contrôler le secteur des mines » Jean-Claude Kibala

Illustration. Une mine d'or de cobalt à Kamituga/Ph. ACTUALITE.CD

Moyennant des amendements, l'Assemblée nationale a approuvé jeudi dernier, le rapport de la commission parlementaire sur l’exploitation illicite des minerais par des sociétés étrangères dans le territoire de Mwenga (Sud-Kivu).

Le député national Jean-Claude Kibala qui a présidé cette commission a rappelé au gouvernement la nécessité de mettre de l'ordre dans le secteur minier. Il a fait savoir que l'exploitation illicite des minerais dans la partie Est de la République alimente et renforce les groupes armés afin de semer l'insécurité.

« Dans nos recommandations, nous avons demandé au gouvernement central de faire son travail, un élément important, il ne s'agit pas seulement de perdre l'argent que nous perdons mais aussi qu’un nous avons constaté et connu de tout le monde l'exploitation illicite des minerais dans l'Est alimente l'insécurité, les groupes armés qui contrôlent des sites miniers se procurent des armes à travers les minerais qu'ils vendent. Si nous voulons terminer la guerre dans l'Est, nous devons commencer par contrôler ce secteur (mines) », a dit devant la presse l'élu de Mwenga.

Lire aussi : RDC: Félix Tshisekedi décide de suspendre l’octroi des Permis de Recherche des droits miniers jusqu’à l’assainissement total et urgent du fichier cadastral

Jean-Claude Kibala a fait savoir que ce rapport a révélé des faiblesses au niveau de l'exploitation artisanale et industrielle des ressources. Ces faiblesses font perdre à l'État beaucoup d'argent susceptible de faire exploser le budget de l'État.

« L'État congolais perd beaucoup d'argent parce qu’il n'arrive pas à bien gérer ce secteur. Il faut aussi retenir que la population congolaise vit dans la pauvreté alors que notre pays a énormément des ressources naturelles capables de développer ce pays. Aujourd’hui nous venons d'accepter le Projet de loi de budget 2022 qui est d'environ 10 milliards USD alors que les ressources de la République Démocratique du Congo qui sont exportées par les pays voisins qui n'en produisent pas peuvent nous amener uniquement avec les statistiques que nous avons relevées ici au double ou triple du budget que nous avons », s'est-il indigné.

Il a exprimé le vœu de voir le gouvernement mettre en pratique toutes recommandations formulées dans le cadre de cette enquête parlementaire menée à Mwenga.

« Nous espérons que le gouvernement, après avoir reçu les recommandations du parlement, va prendre au sérieux parce qu'il ne s'agit pas seulement de la perte de l'argent et des moyens des ressources financières mais nous perdons aussi des vies humaines dans l'Est à cause de nos propres minerais alors que ces minerais devraient nous servir pour le développement », a conclu Jean-Claude Kibala.

Lire: Rapport sur les mines de Mwenga : parmi les recommandations, il y a l’indemnisation des victimes, le départ des militaires et policiers des sites miniers et l’octroi sous conditions des visas 

Contexte

Les mines du Sud-Kivu avaient défrayé la chronique il y a un mois. Des vidéos tournées à Kamituga montrant des délégations officielles empêchées d’accéder aux carrières gérées par des entrepreneurs chinois ont provoqué un tollé. Au cours de la réunion du conseil des ministres de vendredi 4 septembre dernier, le Premier Ministre Sama Lukonde avait appelé le Gouvernement à sévir contre les auteurs de cette situation « qui est aussi facilitée par la présence des groupes armés qui empêchent le contrôle de l’Etat ».

Le gouverneur du Sud-Kivu, Théo Kasi, avait décidé de suspendre les activités des sociétés chinoises qui exploitent illégalement l’or dans le territoire de Mwenga. Mais à Kinshasa, la ministre des mines, Antoinette N’samba s’est opposée à cette décision précisant qu’elle viole notamment le code minier. Elle a demandé au Vice-premier ministre de l’intérieur d’instruire le gouverneur du Sud-Kivu de rapporter son arrêté.

Clément Muamba et Berith Yakitenge