Au moins 14 civils ont été tués dans la nuit du jeudi à ce vendredi 12 novembre à Kisunga et Kamwanga, villages situés près de Kyondo, à une vingtaine de Km au Sud-est de Butembo (Nord-Kivu). Le Baromètre sécuritaire du Kivu qui a avancé ce bilan dans l'après midi signale que "30 personnes sont aussi portées disparues" et "un centre de santé situé à Kisunga a été pillé et brûlé" par des assaillants armés.
Vendredi matin, un journaliste de Kyondo qui s'est rendu sur le lieu du drame a affirmé à ACTUALITE.CD avoir vu "quatre corps calcinés au centre de santé de Kyalumba et deux autres morts dans le quartier", portant à six le nombre de morts enregistrés dans le seul village de Kisunga. Les 8 autres morts rapportés par plusieurs sources sont notamment ceux retrouvés dans la trajectoire de l'ennemi.
"Un infirmier qui revenait du graben m'a rapporté avoir vu au moins sept autres corps, à part les six de Kisunga. Selon lui, certaines victimes font parties des civils enlevés à Kisunga et d'autres des paysans surpris dans leurs champs par l'ennemi vers Kavasewa et Kamwanga. Le bilan pourra s'alourdir, car cet après midi, les déplacés qui proviennent du Graben signalent des dizaines d'autres morts parmi les habitants enlevés", révèle à ACTUELITE.CD ce confrère de Kyondo.
Kambale Lukando, infirmier titulaire du Centre de santé Kyalumba incendié regrette des pertes énormes infligées à sa structure sanitaire et l'enlèvement de ses collègues prestataires de soins.
"Ils ont traqué la sentinelle. Ils l'ont tué directement. Ensuite, ils ont pillé la pharmacie, ils ont emportés tous les biens. Après, ils ont incendié nos bâtiments, notamment la maternité et un bâtiment servant de village d'accueil pour les femmes enceintes. Le gouvernement devra voir comment faire pour libérer nos prestataires déjà emportés par ces inciviques", déclare-t-il, sans préciser le nombre du personnel soignant enlevé.
Des déplacements des populations sont signalés dans ce coin de la chefferie de Bashu. Nombreux habitants se dirigent à Kyondo et Butembo.
Si la société civile du Nord-Kivu, par le biais de son vice-président Edgar Mateso, attribue l'attaque aux rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), l'armée congolaise ajoute que dans cette attaque de Kisunga les ADF ont bénéficié de l'appui des miliciens mai-mai Baraka. Le porte-parole des opérations Sokola 1, le capitaine Antony Mwalushay affirme que l'armée a réussi à neutraliser huit combattants ADF.
L'infirmier Kambale Lukando affirme que l'ennemi a profité du vide sécuritaire dans la région pour opérer sans s'inquiéter.
"C'est un village qui a toujours beaucoup de problème, parce que même le notable n'est (plus) suite au conflit de pouvoir, il n'y a plus de position de l'armée, même la police n'est pas là. Les habitants vivent ainsi", explique Kambale Lukando.
Claude Sengenya