Noel Tshiani : « si le Congo ne fait pas preuve de sagesse en mettant en place la loi que j’ai proposée, on aura des infiltrés au sommet de l’Etat »

Passeport congolais en vigueur
Passeport congolais en vigueur

Auteur de la proposition de loi visant à réserver les fonctions régaliennes notamment la Présidence de la République uniquement à ceux qui sont nés de père et de mère congolais, Noel Tshiani Muadiavimta continue d’insister sur, selon lui, le bien-fondé de cette proposition de loi. Ce, malgré qu’elle n’a pas été jugée prioritaire par le président de l’Assemblée nationale et, par conséquent, non alignée dans le calendrier de la session de septembre 2021 à la chambre basse du parlement.

Ce jeudi 30 septembre, M. Tshiani a, sur son compte twitter, alerté sur ce qu’il qualifie de risque pour le pays de perdre son destin ou encore sa souveraineté si jamais sa proposition de loi ne serait adoptée. Contacté par ACTUALITE.CD, le candidat malheureux à la présidentielle de 2018 est revenu avec force détail sur son message.

« J’ai toujours dit que notre pays prenait le risque d’infiltration au sommet de l’Etat en ayant l’ouverture aux gens qui pourraient ne pas être 100% loyaux à la RDC et qui accèderaient à des fonctions de souveraineté. Je dis que tous les Congolais sont les mêmes, j’en suis convaincu. Mais si on a des gens qui ont un pied dedans et un pied dehors, ils peuvent nous mettre dans une situation telle qu’ils prennent le Congo en ayant  accès à des fonctions de souveraineté en les mettant sur le contrôle d’autres pays étrangers ou bien en servant certains intérêts qui ne sont pas les nôtres. J’ai donné l’exemple, rappelez-vous lorsque Bosco Ntaganda était général et qui siégeait pratiquement sur l’est de la République, presque toute cette partie lui revenait, ce n’était plus sous le contrôle de la RDC. Nous avions un gouvernement central ici à Kinshasa, mais qui n’avait rien à dire sur ce qui se passait dans la partie est de la RDC que contrôlait donc Bosco Ntaganda, au point où il y avait des avions qui venaient atterrir dans cette partie avec pleins de dollars pour acheter des minerais, les embarquer et sortir du pays à l’insue des autorités politiques nationales », a déclaré à ACTUALITE.CD, Noel Tshiani.

Et d’ajouter :

« C’est le risque d’avoir des gens qui ont un pied dedans, un pied dehors. Quelqu’un qu’on nous présente comme Congolais mais en réalité, qui ne travaille pas pour la RDC mais qui est à la solde des pays étrangers. Je continue à dire que si le Congo ne prend pas la sagesse de mettre en place la loi que j’ai proposée, ce  qui va arriver, on aura des infiltrés au sommet de l’Etat et ils vont mettre en mal la souveraineté de l’Etat et l’intégrité  territoriale du pays ».

L’Assemblée nationale a adopté jeudi 16 septembre dernier son calendrier de la session de septembre 2021 qui n’a pas retenu la proposition de loi modifiant et complétant la loi n°04/024 du 12 novembre 2004 relative à la nationalité congolaise initiée par Noel Tshiani et portée par le député Nsingi Pululu. Cette proposition de loi, jugée conflictuelle, avait causé un tollé au sein de la classe politique congolaise. Le parti de l'ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, estime que cette loi vise l'exclusion de leur leader à la prochaine compétition électorale prévue en 2023, car né d’un père juif.

Très récemment, le chef de l’Etat Félix Tshisekedi a été appelé à donner son avis par rapport à cette proposition de loi au cours d’une émission à la télévision VOA/Afrique. M. Tshisekedi avait déclaré ce qui suit : « (…) Je ne vais pas donner mon avis, je n’ai pas envie d’entrer dans cette polémique que cette proposition de loi a suscitée. Est-ce qu’être Congolais de père et de mère suffit comme critère pour servir son pays de manière loyale et fidèle ? Je ne crois pas (…). L'histoire même la plus récente de notre pays nous démontre qu'il y a eu des Congolais de père et de mère qui ont participé à la ruine de notre pays (…) ».

Darwin Mumete, stagiaire UPN