Des riverains ont manifesté lundi contre une société chinoise dans le territoire minier de Mwenga, dans l'est de la République démocratique du Congo, où des entreprises chinoises sont soupçonnées "d'exploitation illégale", a-t-on appris de sources locale et policière.
"Ce matin, la population de Kitutu a barricadé la route pour demander à une entreprise chinoise qui continue à exploiter les minerais d'arrêter ses activités" conformément à la décision du gouverneur, a déclaré à l'AFP Justin Mubarikiwa, membre de l'Observatoire d'actions parlementaire et gouvernementale (un mouvement citoyen local), qui était parmi les manifestants.
Avec leur exploitation minière, ces "Chinois ont détruit les champs des paysans et la forêt communautaire. Les manifestants exigeaient aussi des indemnisations pour ces préjudices", a-t-il ajouté, joint au téléphone depuis Bukavu, capitale du Sud-Kivu.
"Les policiers et militaires ont tiré pour disperser les manifestants", a-t-il ajouté, sans faire état de blessés. Les manifestants étaient plusieurs centaines selon lui.
Le 20 août, les autorités provinciales du Sud-Kivu avaient décidé de suspendre les activités d'entreprises chinoises soupçonnées "d'abus" manifestes et "multiples" dans l'exploitation de sites aurifères dans le territoire de Mwenga. Cette décision a ensuite été contestée par la ministre nationale des Mines.
Le commandant de la police de Mwenga, le lieutenant colonel Alex Mawej Mukendi, a accusé les manifestants de "bloquer toutes les routes en brûlant des pneus" sur la chaussée. En les dispersant, "nous n'avons fait que notre travail" de maintien de l'ordre public, a-t-il réagi auprès de l'AFP.
Début septembre, un documentaire du journaliste camerounais Alain Foka, titré "En finir avec la traite négrière en Afrique", diffusé sur YouTube, a sévèrement mis en cause les activités des sociétés chinoises en RDC.
L'ambassadeur de Chine à Kinshasa, Zhu Jing, avait alors assuré que Pékin condamnait toute "exploitation illégale des ressources naturelles" en RDC. M. Zhu Jing avait par ailleurs fait part de "la disponibilité du gouvernement chinois à collaborer avec les autorités congolaises pour sanctionner les responsables".
Une commission parlementaire "d'enquête chargée de recueillir les information les plus complètes sur l'exploitation de ressources naturelles et la protection de l'environnement", particulièrement dans le territoire de Mwenga, séjourne depuis vendredi à Bukavu.
"Tous les responsables des sociétés et coopératives minières" actives dans le Sud-Kivu ont été invités à rencontrer cette équipe à Bukavu, selon un communiqué.
Cette délégation "devrait descendre sur le terrain (à Mwenga) pour palper du doigt la situation", a estimé M. Mubarikiwa.
AFP avec ACTUALITE.CD