Ebats sexuels des élèves à Kinshasa : « les parents doivent parler de la sexualité avec leurs enfants » pour prévenir ce genre de comportement, clament les éducateurs à la vie

Les élèves dans une salle de classe
Les élèves dans une salle de classe

Une vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux en début de cette semaine, montrant des élèves de l’Institut saint Georges, situé dans la commune de Kintambo à Kinshasa en pleins ébats sexuels dans un chantier. Les élèves ont rapidement été identifiés par les autorités de leur établissement comme étant de la 5ème année littéraire. En guise de sanctions, ils ont été exclus définitivement de l’école dans une décision qui est tombée mardi en présence du ministre de l’EPST, Tony Mwaba.

Cette scène a suscité plusieurs réactions et ce, dans tous les sens. Cependant, qu’est-ce-qui serait à la base de ce comportement ? Comment le prévenir dans l’avenir ? ACTUALITE.CD a interrogé deux enseignants qui ont en commun le fait de dispenser le cours d’éducation à la vie dans des établissements scolaires se trouvant à Kinshasa.

Pour eux, les parents ont une grande part de responsabilité pour que de pareils actes ne se reproduisent plus. Quant à ce qui peut être considéré comme principale cause du comportement affiché par ces élèves, ils pointent du doigt le téléphone portable.

« C'est l'irresponsabilité parentale. Tout est question d'éducation. Tout est devenu sujet tabou avec les parents de nos jours. Qui est ce parent qui, au cours d’une semaine, ou d’un mois, prend un jour pour réunir ses enfants et leur faire part de leurs vies sexuelles ?  Nous, on fait notre part. Chaque enfant, surtout en Afrique, quand il devient à l'âge pubère et commence à avoir des impulsions sexuelles, se débrouille seul. Il cherche ses repères. Il n’y a pas un adulte ni personne pour lui faire comprendre que quand tu vois ça (les envies), il faudrait agir comme ça : se retenir parce que c'est passagère, je dirais que ce n'est pas facile mais c'est faisable. Donc c'est ce genre d'encadrement dont la jeunesse africaine ne bénéficie pas. Les parents ont peur de parler sexualité avec leurs enfants. Cela pousse maintenant l'enfant à aller chercher ailleurs. Malheureusement là où ils partent apprendre, il n'apprend pas non plus avec un adulte, ils apprennent plutôt entre eux », a-t-il déclaré Monsieur Umba Ditoto. 

Et d’ajouter :

« Pour moi, l'âge approprié pour avoir un téléphone, c'est quand on a le sens de responsabilité et la maturité. Pour éviter cette situation à l’avenir, je dirais que les parents doivent prendre leurs responsabilités. Ils doivent parler de la sexualité avec leurs enfants. Leur faire comprendre que la maîtrise de soi est très important ».

Madame Judith Emba a abordé dans le même sens. 

« Je me mets dans la peau du collège saint Georges pour voir comment ils sont choqués par rapport à la situation. Mais à mon humble avis, je dirais que le téléphone portable est l'une des raisons, ça fait partie de la problématique. C'est l'une des raisons qui a poussé ces élèves à avoir ce comportement que nous déplorons tous. En tant qu'enseignante, nous leur parlons de la vie, du changement corporel etc. Mais dans tout ça, nous n’entrons pas dans les profondeurs. C'est aux parents que revient ce droit (…). Aujourd’hui avec le téléphone, l’enfant à la matière au-delà de ce que les enseignants donnent à l'école. Donc dans le téléphone, les enfants apprennent beaucoup de choses que les parents et les enseignants ignorent totalement. Dans le cours d’éducation à la vie, nous leur parlons du sexe, de leurs périodes (cycle menstruel, ndlr), de la transformation corporelle, de la puberté, etc. et nous nous limitons à ça. Nous ne sommes pas en mesure de leur parler d’autres choses. Et malheureusement, il se passe que les enfants apprennent beaucoup de choses dans le téléphone, positif comme négatif », a-t-elle déclaré. 

S’agissant de la décision qui a été prise, cette enseignante dit la saluer et appelle à des punitions supplémentaires pour mettre en garde à jamais les élèves encore dans des classes inférieures.

Il sied de rappeler que le ministre de l’EPST, Tony Mwaba, est revenu sur la décision qui avait été prise mardi, précisant que ces élèves ne peuvent plus être réinscrits dans n’importe quelle école catholique mais ne sont pas bannis de l’ensemble du système éducatif congolais.

Geraldine Nzonge, stagiaire UPN