RDC : « … de préférence, il faut commencer par améliorer les conditions de vie sociale », les Kinois livrent leur appréciation sur la proposition de loi de Daniel Mbau

La dot
Illustration/Ph. ACTUALITE.CD

La proposition de loi portant modification du code de la famille, déposée le 21 juillet dernier, au bureau de l’Assemblée nationale par le député national Daniel Mbau Sukisa continue de faire parler d’elle sur l’ensemble du territoire national et à Kinshasa particulièrement. Cette proposition de loi vise à fixer le coût de la dot à 500 USD dans les milieux urbains et 200 USD dans les milieux ruraux.

D’aucuns à Kinshasa estiment que cette proposition de loi vise à discriminer la femme, surtout celle du milieu rural. D’autres, par contre, pensent que la démarche du député est logique pour diverses raisons. Ce mardi 27 juillet, ACTUALITE.CD a interrogé plusieurs Kinois et Kinoises autour de la question.

Jeannette, étudiante à l’Institut supérieur des techniques médicales (ISTM) n’est pas contre cette proposition. Néanmoins, elle estime que certaines dispositions doivent être revues avant son adoption.

« C’est vraiment  bien de penser à vouloir réduire le montant de la dot, mais je pense que la population congolaise n’a pas  seulement besoin de ça. Déjà certains parents éduquent leurs enfants à leur manière et ils ont le droit de leur faire marier comme  ils veulent. Le gouvernement congolais a-t-il contribué aux frais de leurs études ?  Je pense que cette loi doit être revue avant  d'être votée », dit-elle.

En tout cas  cette loi est bien réfléchie, avoue Monsieur Jonathan, « parce qu’elle va nous permettre d’économiser, nous célibataire, afin de nous marier. La seule chose qui me tracasse, c'est que les parents augmentent les matériels (la liste de la dot, ndlr) ».

Bien plus, cette loi porte modification du code de la famille en son article 408. Il stipule : Quiconque, étant engagé dans les liens d’un mariage, enregistré ou célébré devant l'officier de l'état civil en aura fait enregistré où célébrer un autre avant la dissolution ou l'annulation du précédent, sera puni du chef bigamie, d'une servitude pénale de 1 à 12 mois et  d'une amende  de 500.000 à 1.000.000 francs congolais.  L’action publique et l’action civile peuvent être intentées tout le temps que subsiste l’état de bigamie.

Moi, je dis non à cette loi, tranche Madame Clémence, vendeuse de parfums. « J'ai eu à faire étudier ma fille avec difficulté, et ensuite, la marier à 500$.  Personnellement, je ne suis pas pour.  Il y a  plein de problèmes  auxquels la population fait face : comme le taux de dollars, qui ne cesse d'augmenter et la vie sociale qui se dégrade chaque jour », argumente-t-elle. Et de s’interroger : « la meilleure solution  est de faire baisser les femmes ? ».

Pour  Monsieur Serge, fonctionnaire de l’Etat, cette proposition de loi est bonne mais il se pose toutefois un sérieux problème pour qu’elle soit réellement d’application : « Il n'y a pas de travail. Où est-ce que ces jeunes gens trouveront les 500$ pour épouser une femme ? De préférence, il faut d'abord commencer par améliorer la vie sociale », explique-t-il.

Maman Ana pense, de son côté, que la dot a évolué à travers le temps.

« Autre fois la dot n’était qu'un symbole contrairement à nos jours où elle est devenue une sorte de commerce. Ce n’est pas  mal cette proposition. Il y a des hommes qui sont dans l'impossibilité  de prendre une fille en mariage. Pour moi, le désavantage (de cette proposition, ndlr) est plus sur le point où  l'argent de la dot est le même qu'on utilise pour les préparatifs d’accueil de la belle-famille. Avec 500$, cela ne suffirait pas » a-t-elle déclaré.

Quant à Jessica, vendeuse de chaussures, c' est mieux de ne pas fixer un montant fixe pour la dot comme pour dire qu’elle n’est tout à fait d’accord avec cette proposition de loi.

« La décision en soit, elle n’est pas mauvaise. Nous voyons  que la dot demandée par les parents est très élevée. Il y a certaines personnes qui affichent la volonté  de se marier mais le coût de la dot, ajoutez à cela la liste des biens, ne leur permettent pas.  Le mieux, c’est de dire que la dot  commence à 500$ et ne doit pas dépasser un tel montant », a-t-elle.

Messieurs Jean-Paul et Elese Daddy soutiennent cette décision. Ils disent être très  heureux face à une telle proposition, d'autant plus qu’à l'époque la dot n'était qu'un symbole.

La proposition de l’élu de Mont Amba va suivre la procédure normale. Elle sera débattue en commission avant une probable programmation au calendrier des travaux afin d'ouvrir le débat en plénière.  

Natacha Ntumba et Bethyla Alfani, stagiaires IFASIC