Réformes électorales : Germain Kambinga dénonce “l’obsession” à rendre la CENI “un instrument discrétionnaire des ambitions politiques”

Siège de la CENI/Ph. droits tiers

L'ancien vice-ministre de la formation professionnelle, Germain Kambinga, s’est exprimé sur la proposition de loi portant réforme de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), actuellement sous examen en seconde lecture au Sénat après son adoption à l’Assemblée nationale. Pour lui, la réforme actuelle de la CENI n'apporte rien de nouveau.

M. Kambinga estime plutôt que c'est la reddition des précédentes lois sur la CENI au service d'un camp politique et ce, au détriment de l'intérêt général.

« Je fustige cette obsession des politiques congolais à faire les choses de telle sorte que la CENI devienne un instrument discrétionnaire de leurs ambitions politiques au lieu d'être un instrument des ambitions politiques de tous les Congolais. C'est ce qui ressemble fortement à une réédition, la répétition de ce qui se fait dans le passé », a-t-il dit mardi à ACTUALITE.CD.

Pour le Président du regroupement politique “Le Centre”, la solution face à cette situation est la prise de conscience du peuple congolais en rapport avec la question électorale. Il précise que l'enjeu pour 2023 doit être la bataille pour la transparence des élections à tous les niveaux.

« La solution de notre point de vue ne se trouve pas dans un combat interne c'est-à-dire à travers les institutions de la République mais plutôt par une prise en charge de cette question des élections par le peuple lui-même. J'en appelle à la plus grande vigilance citoyenne de tous les Congolais qui doivent se dire si en 2018 l'enjeu était l'alternance politique, 2023 l'enjeu doit être catégorique la transparence. Les agents de base de la CENI, le peuple congolais, tout le monde doit s'impliquer pour que personne n'ait le pouvoir ni la capacité de travestir  les résultats électoraux au profit d'un groupe politique », a-t-il ajouté.

Germain Kambinga a exhorté les agents de la CENI au patriotisme pour avoir réellement des résultats exprimés par la population dans les urnes.

« Comme la population avait fait en 2018, elle doit encore redoubler d'efforts pour 2023 de sorte que quel que soit celui qui sera Président de la CENI, chaque agent de cette commission doit savoir qu'il est avant tout Congolais, si on les instruit de tripoter les résultats au profit de tel candidat , vous dénoncez, si les agents de la Ceni Lualaba dénoncent, ceux de Idiofa dénoncent, de Kinshasa dénoncent, rassurez-vous qu'il n'y aura pas de tricheries. Ça se fait déjà dans d'autres pays. L'enjeu principal doit être la transparence. La transparence va nous faciliter après les élections, qu'on ne rentre plus dans des débats de coalition, des accords politiques, partage du gâteau en reléguant toujours les intérêts du peuple au second plan », a souligné Germain Kambinga.

Après son adoption à l'Assemblée nationale, la proposition de loi organique modifiant et complétant la loi organique n•10/13 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la CENI telle que modifiée et complétée par la loi organique n•13/012 du 19 avril 2013 sera examinée en seconde lecture ce mercredi au Sénat. Elle est l’initiative de Christophe Lutundula devenu membre du gouvernement. Si elle est adoptée, elle sera promulguée par le Chef de l’Etat. Mais bien avant, elle sera envoyée à la Cour constitutionnelle qui jugera sa conformité vis-à-vis de la constitution. 

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Clément Muamba