Liberté de la presse : les journalistes de Goma ont réfléchi sur leur protection lors des manifestations publiques

Photo ACTUALITE.CD.

Dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse ce lundi 3 mai 2021 sous le thème : « L’information comme bien public », les journalistes de Goma ont échangé, au centre de presse, sur leur protection pendant les manifestations publiques. Ces échanges ont été organisés par l'Union nationale de la presse du Congo (UNPC), section du Nord-Kivu en partenariat avec le Collectif des radios et télévisions communautaires du Nord-Kivu (CORACON). Il était question de se rappeler mutuellement les principes de base de l’auto-protection  lors des manifestations publiques qui parfois, amènent à des violences.

« Nous avons choisi le thème sur la protection des journalistes parce que le contexte du Nord-Kivu, c’est un contexte dans lequel on a observé ces derniers temps beaucoup de manifestations qui sont aussi réprimées par la police. Un autre élément du contexte c’est qu’il y a certains de nos journalistes qui ont été menacés sur le terrain lorsqu’ils essayaient de récolter l’information. Il y a même une journaliste qui a été blessée par balle, on ne sait pas si la balle a été tirée par qui ? Vous remarquerez qu’il y a un risque lié au travail de collecte d’informations dans les situations des manifestations populaires. Voilà pourquoi nous avons dit qu’il fallait rappeler aux journalistes les fondamentaux d'auto protection lorsqu’on est sur un terrain où le risque d’être attaqué est élevé », a dit Jacques Vagheni, coordonnateur du CORACON.

Le point focal de Journalistes en danger (JED) dans la partie Est de la RDC, Tuver Wundi, a profité de l’occasion pour partager avec les chevaliers de la plume quelques faits pratiques, liés notamment à la protection des journalistes lors des manifestations qui peuvent conduire à des violences.

« Lorsque nous savons que nous sommes dans une manifestation et qu’elle peut dégénérer vers une émeute, nous suggérons, avant de partir sur le terrain, que le journaliste étudie le contexte dans lequel il va travailler. Qu’il sache repérer les organisateurs, leurs leaders, les forces en présence pour que ces dernières ne puissent pas constituer pour lui une barrière dans l’exercice de son travail parce que, la population a besoin de savoir pourquoi les gens manifestent. Nous, nous ne voulons pas voir un journaliste couvrant une manifestation et qu’il puisse y perdre sa vie. C’est ainsi que nous disons, après avoir compris le contexte, qu'il doit identifier certains endroits qui peuvent lui permettre de bien faire son travail et de savoir se sauver. Le journaliste doit également savoir où se placer entre lui et la police », a pour sa part dit Tuver Wundi.

La deuxième quinzaine du mois d’avril 2021 a été marquée par plusieurs manifestations publiques contre l’insécurité mais qui ont conduit à des violences dans les villes de Goma, Beni et Butembo (Nord-Kivu). Certains journalistes affirment avoir été menacés au courant de ces manifestations non seulement par les manifestants mais aussi par les forces de l’ordre et de sécurité.

« Lors de nos échanges d’aujourd’hui, il a été recommandé à l’UNPC d' organiser un cadre d’échange entre les journalistes et la police pour parler justement de cette question. Il faudrait qu’on arrive à un stade où les journalistes et les policiers ne se verront plus comme des ennemis sur terrain mais plutôt comme partenaires, surtout lors des manifestations publiques », a lancé dans la foulée, Rosen Kalafulo, Rédactrice en chef à la Radio Pole Fm.

Le 17 février dernier, Nanou Kazaku, journaliste à la Radio UB Fm avait été blessée par balle  au quartier Kyeshero dans la ville de Goma. La jeune journaliste était en train de couvrir une opération de déguerpissement par la police d’une cinquantaine de familles d’une concession querellée vers CCLK. Sur place, la police faisait face à une résistance des habitants du coin.

Jonathan Kombi, à Goma