Santé : l’autisme, entre la génétique et l’environnement,… les explications d’un pédiatre

ACTUALITE.CD

A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte et de sensibilisation contre l’autisme célébrée chaque le 2 avril, ACTUALITE.CD fait découvrir cette maladie peu connue dans la société congolaise. Le docteur Jean-Robert Nkumu, du Centre Médical de Kinshasa (CMK) est pédiatre, et nous parle de l’autisme, une maladie fréquente chez les enfants dès leur plus jeune âge.

« L’autisme est un trouble très complexe de développement cérébral. Comme le mot l’indique, cela fait allusion à soi-même : des personnes seules sans interactions, des personnes renfermées. C’est complexe parce que ça atteint le cerveau en développement. Contrairement au développement cérébral d’un enfant normal, où il y a une attribution motrice, et une attribution psychologique (développement psychomoteur) avec les interactions, chez les autistes, il y a les troubles dans ces différentes acquisitions : les acquisitions psychomotrices ne sont pas faites de manière adéquates parce qu’il y a un trouble lors de l’établissement de différentes interconnexions entre les cellules nerveuses. C’est ce qui est à la base de cette pathologie », a introduit le pédiatre.

Le symptôme de cette maladie c’est le trouble de l’interaction social et de communication. Les enfants affectés ont des difficultés à entrer en contact avec d’autres personnes de l’environnement. Un enfant autiste vit seul dans son coin, ne joue pas avec les autres, n’effectue pas d’échanges, ne communique pas avec l’entourage. Il a aussi un déficit en communication non verbale, il ne sait pas exprimer ses émotions, n’a pas de rire relationnel. Cet enfant peut voir quelqu’un d’habituel, mais sans exprimer les émotions. Il y a également la manie de la routine, la stéréotypie : un enfant autiste joue au même jeu, il le répète fréquemment, et répète les mêmes mots. La maladie n’est pas héréditaire.

« L’autisme n’est pas une maladie héréditaire exclusive. Cependant il y a une prédisposition génétique. Il y a donc des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux qui entrent en ligne de compte. D’ailleurs les facteurs environnementaux jouent un rôle très important dans l’expression même de la maladie. De l’autre côté, il y a les enfants qui développent l’autisme alors que les parents n’en ont pas eu. Ce qui renforce le rôle des facteurs environnementaux », a ajouté le pédiatre.

Le diagnostic peut se faire précocement à la jeune enfance. C’est généralement autour de 18 à 24 mois que les parents constatent qu’il y a un problème du point de vue relationnel entre l’enfant et l’entourage. L’autisme peut être éliminé par une réadaptation, selon le pédiatre.

« Pas de guérison comme telle. Il y a possibilité d’une adaptation pour les enfants souffrant de l’autisme. On peut les réinsérer dans la société, on peut les réadapter à l’environnement. Avec la rééducation, la psychothérapie, on peut les réadapter. La prise en charge est donc multidisciplinaire : la pédiatrie, la neuropsychiatrie, l’orthophonie, et l’ergothérapie (traitement de rééducation et de réadaptation) entrent en compte. Il n’y pas une seule spécialité pour la prise en charge de l’autisme. La thérapie chez la femme comme chez le garçon reste la même ; mais elle est adaptée au sexe, en faisant référence au complexe d’Oeudipe pour les garçons et le complexe d’Electre pour les filles. Mais la prise en charge de manière générale reste la même », précise le spécialiste de l’enfant.

Cette maladie tire son origine dès la conception. Les émotions de la mère, les stress  maternels et les réactions maternelles peuvent en être les causes. Selon le docteur Nkumu, il y a lieu d’éviter l’autisme.

« Il faut lutter contre les facteurs environnementaux : les cris autour de l’enfant, les parents qui se battent et se disputent devant l’enfant. Il faut créer un climat sain autour de la femme enceinte, et quand l’enfant est né, il faut lui monter de l’affection, l’attention et l’amour pour qu’il se sente à sa place. Il faut être patient avec l’enfant », conseille le pédiatre.

Selon un rapport de l’OMS de 2019, on estime à 1 enfant sur 160 qui présente un trouble du spectre autistique (autisme). Ce chiffre correspond toutefois à une moyenne et la prévalence notifiée varie notablement d’une étude à l’autre. Un certain nombre d’études bien contrôlées font néanmoins état de taux sensiblement plus élevés.

Thérèse Ntumba