Kasaï Central: un policier ayant participé aux exactions de la milice du chef coutumier Nsumbu Katende dénoncé au procès de Nkongolo Monji

Le chef Laurent Nsumbu Katende, chef de la milice/Ph. Sosthène Kambidi

Il se prénomme Paul, policier de son état en poste dans le village de Shatshikumba, secteur de Matamba (Kazumba)  en février 2017 a été cité abondamment ce jeudi 11/3/2021 par les victimes comme ayant pris part active dans la milice  du chef coutumier Laurent Nsumbu Katende.

Ces dénonciations sont intervenues  à l'occasion de la deuxième journée du procès de Nkongolo Monji où le Tribunal militaire de garnison de Kananga en chambre foraine juge le chef coutumier Laurent Nsumbu Katende, accusé d'avoir été à la tête d'un groupe des miliciens auteurs présumés de pires exactions sur la population.

"Lorsqu'ils sont arrivés dans notre village,  ils ont commencé par incendier les locaux qui abritaient le poste de la police. Nous avons fui en brousse avec le commandant de la police seul sans le policier Paul", a déclaré une victime qui s'est constituée partie civile.

Et d'ajouter:

"ils ont tué par décapitation une personne dans notre village et trois autres dans les villages voisins. Outre les décapitations, les miliciens de Nsumbu amputaient les sexes des personnes tuées et leurs bras".

À la question de savoir si le témoin reconnaissait certaines personnes qui ont participé à l'activisme de la milice de Nsumbu, il a cité sans hésitation un agent de police qui était en poste au sous commissariat de Shatshikumba en 2017.

"Parmi ceux qui étaient sous les ordres de Nsumbu,  il y a un policier  Paul qui a été aux côtés du chef Nsumbu partout. Ce policier se trouve aujourd'hui au commissariat de Matamba où il est garde du corps du commandant du commissariat. Il a même changé de nom et a un nouveau numéro matricule", a affirmé le témoin.

Le nom du policier Paul a aussi été abondamment cité par les victimes. En réaction, le juge président du Tribunal militaire de garnison de Kananga a demandé à l'officier du ministère public de tout faire pour amener ce policier par devant le tribunal militaire pour qu'il réponde de son passé dans la milice de Nsumbu.

"Nous avons les informations sur ce policier et nous avons délivré, monsieur le président, un mandat d'amener contre ce policier. Il bénéficierait de certaines complicités car à tout moment, il échappe", a précisé l'officier du ministère public à l'audience.

Présent, le chef de secteur de Matamba a dit connaître le policier et s'est engagé à faciliter son arrestation.

Vingt deux victimes des exactions présumées de la milice du chef coutumier Nsumbu dont sept femmes ont témoigné ce jeudi devant le Tribunal militaire de garnison de Kananga en déplacement à Nkongolo Monji , dans le  territoire de Kazumba.

Bonne mine,  menottes aux mains et sous bonne escorte, Laurent Nsumbu est arrivé au tribunal militaire et a suivi sans remords tous les témoignages émouvants se rapportant aux exactions de sa milice.

Organisé avec le concours de BCNUDH et PNUD dans le cadre du projet PAJUR (paix,  justice, réconciliation et reconstruction), ce procès bénéficie de l'appui financier de l'ONG TRIAL INTERNATIONAL qui, dans le cadre de son engagement dans la lutte contre l'impunité, a pris en charge les avocats de 232 victimes.

Sosthène Kambidi, à Nkongolo Monji