Meurtre des experts de l'ONU : la convocation de Sonia Rolley de RFI est un début de l'éclatement de la vérité, estime un avocat  

Le prévenu Mputu Kakonde Trésor à l'audience sur le meurtre des experts de l'ONU le 27 octobre 2020 à Kananga/Ph ACTUALITE.CD

Me Serge Miseka, avocat des prévenus Évariste Ilunga Lumu en cavale et du journaliste Trudon Raphaël Kapuku Kamuzadi, tous poursuivis pour participation présumée au meurtre de Zaida Catalan et Michael Sharp, pense que la décision de la cour militaire de l'ex Kasaï Occidental de faire comparaître la journaliste Sonia Rolley de RFI en qualité de renseignant est un début de l'éclatement de la vérité dans ce meurtre dont le procès dure depuis près de quatre ans.

Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD, cet avocat des barreaux du Kasaï Central, du Sud Kivu, du Lualaba, du Tanganyika et de Tshopo regrette également la lenteur du déroulement du procès et la non-convocation d'autres personnalités importantes pourtant dénoncées dans plusieurs de ses correspondances qui gisent au dossier.

« Je salue la convocation de Mme Sonia Rolley qui a fait un travail remarquable en tant que journaliste et dont les conclusions corroboraient notre propre perception sur ce meurtre », réagit l'avocat Miseka qui ajoute :

« Lors d'une descente à Bunkonde (localité à proximité du lieu où les experts avaient été exécutés), j'ai eu un incident déplorable avec l'auditeur militaire. On avait failli en venir aux mains parce que j'ai demandé avec insistance l'arrestation de Jean Bosco Mukanda qui, à l'époque était caressé par le ministère public et avait effectué un voyage à Kinshasa en compagnie d'un autre habitant de Moyo Musuile (village où les experts avaient été exécutés). L'auditeur militaire ne voulait jamais arrêter Mukanda mais il finira par le faire un an après ».

L'avocat de Ilunga Évariste et du journaliste Kapuku Kamuzadi ne croit pas à la thèse d'une évasion de son client Ilunga Lumu Évariste qui était le premier prévenu, si pas le seul, à avoir fait des révélations sur les circonstances de l'interception du convoi des experts et du filmage de la scène de leur exécution :

« Nous attendons d'interroger ceux qui ont géré Évariste Ilunga, mon client. Ils doivent nous dire dans quelles circonstances ce prévenu s'est évadé ».

Quant à la valeur juridique qu’aurait le témoignage de la journaliste Sonia Rolley, Me Miseka affirme que c'est la preuve que le ministère public est bloqué et que son enquête était bâclée.

« Nous n'avions jamais cessé de le dire qu'il y avait beaucoup d'innocents dans le box des accusés et qu'il y avait nécessité de faire comparaître d'autres personnes notamment tous les contacts des experts depuis leur arrivée à Kananga, à l'hôtel Woodland, leur passage auprès des autorités. Personne n'accordait à nos demandes la moindre attention. Et aujourd’hui, l’auditeur militaire semble se réveiller. Je suis tenté de dire que la convocation de Mme Sonia Rolley est un aveu d'un travail bâclé fait par le ministère public ».

A l'audience publique de ce mardi 2 mars 2021, le ministère public a demandé et obtenu de la cour militaire la convocation de Sonia Rolley pour ses reportages en rapport avec ce meurtre, reportages, qui selon le général Cyprien Muwawu Tanzi, pourraient aider la justice à connaître la vérité dans cette affaire. Devraient aussi être convoqués un animateur d'une radio locale et le président fédéral de l'UDPS/Tshisekedi, Gabriel Ilunga qui aurait déclaré dans une émission radiophonique que la montre d'un des experts de serait retrouvée au bureau de l'ancien administrateur général de l'ANR, Kalev Mutond.

Sosthène Kambidi