La ville de Kinshasa, capitale de la RDC fait face à l’insalubrité aiguë dans tous ses coins. Malgré les efforts des autorités et des partenaires, Kinshasa dégage une odeur nauséabonde même dans ses parties réputées « huppées ». La ville produit des dizaines de tonnes des déchets au quotidien, mais leur évacuation pose énormément de problèmes.
ACTUALITE.CD a approché certaines femmes ménagères de la commune de Lemba pour savoir chercher à savoir les raisons de la persistance de l’insalubrité dans la ville. Elles rejettent la responsabilité à l’Etat congolais qui d’après elles, n’a pas une bonne politique d’assainissement.
« Toute la responsabilité revient au gouvernement qui est chargé de nous gérer. Gérer un pays, c’est résoudre d’abord les problèmes sociaux auxquels fait face la population au quotidien. Et parmi ces problèmes figure l’insalubrité. Lorsque les milieux de vie sont insalubres, ça ne fera qu’ajouter des problèmes comme des maladies sur ce qu’on a déjà. Rendre les rues de Kinshasa propres ne relève pas de nos compétences. Nous, nous nous chargeons de rendre déjà nos parcelles et maisons propres, à notre niveau, c’est suffisant mais l’Etat doit nous aider à trouver des endroits où jeter ces saletés. C’est comme ça qu’on pourra contribuer aussi à la salubrité de la ville. Il pourra peut-être nous mettre des poubelles publiques le long des rues, et engager des personnes à décharger ces poubelles régulièrement pour éviter de faire naître des mouches et moustiques », ont déclaré en gros, quelques femmes ménagères de la commune de Lemba.
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ACTUALITE.CD a interrogé Aquilas Mushitu Kahanga, Environnementaliste et Expert en Ressources en Eau sur cette problématique. Il estime que le problème d’insalubrité à Kinshasa est lié à la politique gouvernementale et aux mentalités des Congolais.
« L’insalubrité qui est maintenant aiguë est d’abord un problème de la politique congolaise. Bien qu’il y ait des stratégies de la salubrité mais ces stratégies ne sont ni bonnes ni écologiques. Dans un pays comme le nôtre on autorise aux industries de plastique, de fabriquer leurs produits et les déchets de ces produits ne sont même pas valorisés. Conséquence, on retrouve ces déchets partout. Lorsqu’on parle de salubrité, on voit la présence des décharges. Lorsqu’il pleut, la population profite de l’occasion pour déposer les immondices dans les caniveaux et rivières, et ça détruit l’écologie de l’eau et empêche même les poissons de vivre. L’Etat connaît tout ça et demande aux industries productrices des plastiques de payer l’argent comme amende parce qu’elles contribuent à la pollution de l’environnement. Mais qu’est-ce que l’Etat fait avec cet argent pour dépolluer l’environnement ? Ça disparaît sans trace », a dit l’expert.
Et d’ajouter :
« C’est pourquoi Kin bopeto échoue et échouera toujours parce que nous avons une population qui n’a pas l’information complète en ce qui concerne la gestion des déchets. Notre capitale est vaste mais on manque d'endroits où déposer les déchets. Kin bopeto n’est qu’un slogan politisé. On doit savoir séparer les déchets ménagers des déchets plastiques pour afin attirer des investissements là-dessus. Ce qu’on appelle déchets ici à Kinshasa n’est pas déchets ailleurs, ne peuvent être appelés déchets que les immondices qui sont passés par la réutilisation 5 fois au moins. Moi, personnellement, je n’apprécie pas la décision des autorités d’interdire la production des plastiques, ce n’est pas une interdiction qui doit rendre la ville propre mais l’Etat doit créer des usines de transformation de ces déchets dans la ville, et trouver des endroits de déversement des poubelles ménagères ».
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L’insalubrité persiste à Kinshasa en dépit de l’opération « Kin Bopeto » initiée par le gouverneur Gentiny Ngobila depuis une année. A en croire l’autorité de la ville, cette opération se veut un remède quant à la politique d’évacuation des immondices dans la ville, en passant par le changement des mentalités des Kinois sur la gestion des déchets. Mais sur le terrain, la réalité est toute autre. Les différentes poubelles publiques installées peinent à être déchargées. Il se pose également un problème de drainage. La plupart des canalisations d’eaux et des caniveaux sont bouchés.
Nancy Kapinga