Ce mercredi 18 juin, Constant Mutamba a officiellement présenté sa démission de ses fonctions de ministre de la Justice, par une lettre adressée au président Félix Tshisekedi. Dans cette lettre, il évoque un prétendu complot politique ourdi à Kigali et impliquant certains Congolais. Selon lui, ce complot visait à bloquer les réformes judiciaires et à désorganiser la riposte gouvernementale face à l’agression rwandaise. Il déclare également avoir reçu des menaces graves, allant jusqu’à des tentatives d’empoisonnement et d’élimination physique.
Constant Mutamba insiste sur le fait que ces attaques ne sont pas dirigées contre lui personnellement, mais contre le projet de réforme patriotique qu’il portait. Il se dit trahi alors qu’il menait des poursuites judiciaires contre des hauts responsables du groupe armé M23. Ce “coup de poignard dans le dos”, selon ses mots, viserait à bloquer les réformes internes et à saper les efforts de défense nationale contre les agressions extérieures.
Sa démission intervient également dans un contexte judiciaire tendu. Mutamba, qui avait suscité beaucoup d’espoir lors de sa nomination en mai 2024, est accusé de détournement de 19 millions de dollars liés à un projet de construction de prison à Kisangani. L’Assemblée nationale a levé son immunité parlementaire le 15 juin, suite à un réquisitoire du procureur général, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires contre lui.
En plus des accusations de détournement, il est poursuivi pour outrage aux corps constitués. Ces charges, ainsi que son interdiction de quitter Kinshasa et la menace d’un mandat d’arrêt, ont rendu sa position intenable. Il a donc préféré remettre sa démission dans les délais légaux, estimant qu’il était devenu la cible d’un acharnement politique ayant pour but de freiner les réformes qu’il tentait de mettre en place.