Dans la capitale congolaise, les femmes jouent un rôle de plus en plus visible dans les dynamiques économiques, sociales et culturelles. Pourtant, malgré une présence active dans de nombreux secteurs, elles continuent de faire face à des inégalités structurelles.
Le DeskFemme a rencontré quelques-unes ce vendredi 20 juin pour recueillir leurs témoignages sur les réalités quotidiennes, les obstacles rencontrés et les espoirs qu’elles nourrissent pour un avenir plus équitable.
Dans les marchés populaires comme celui de Matete ou de Gambela, les femmes commerçantes sont omniprésentes. Elles assurent la subsistance de nombreuses familles à travers des activités informelles, souvent sans protection sociale ni reconnaissance officielle. « Ce n’est pas facile, mais nous n’avons pas le choix », témoigne Monique, vendeuse de légumes depuis plus de 3 ans. « Nous devons nourrir nos enfants, les envoyer à l’école. »
Selon les données les plus récentes de l’Institut National de la Statistique (INS), plus de 70 % des activités économiques à Kinshasa relèvent du secteur informel, et les femmes y sont largement majoritaires.
Toutefois, cette précarité économique cohabite avec une montée progressive de figures féminines dans des sphères longtemps réservées aux hommes : entrepreneuriat, politique, journalisme, et même construction ou sécurité.
Des initiatives citoyennes et associatives tentent de combler les lacunes laissées par les politiques publiques. À Limete, l’association « pour la femme » forme chaque mois des dizaines de femmes aux métiers de la couture, de la coiffure ou du numérique. « Nous voulons leur donner des outils concrets pour leur autonomie », explique Ginette Mukala, la fondatrice.
Sur le plan politique, même si la représentativité féminine reste marginale à l’Assemblée nationale et au niveau des gouvernorats, des voix émergent. À Kinshasa, certaines femmes bourgmestres ou conseillères municipales s’efforcent de faire entendre les préoccupations genrées dans les prises de décision. « Les besoins d’une jeune fille de Ngaba ne sont pas toujours compris dans les budgets municipaux », note une élue locale, sous anonymat.
L’accès à l’éducation reste un levier fondamental. Malgré la gratuité de l’enseignement de base, de nombreuses filles quittent encore l’école précocement, souvent à cause de grossesses non désirées ou de pressions économiques. Le phénomène est particulièrement remarqué dans les communes périphériques de la ville.
Kinshasa, la ville tentaculaire et contrastée, reflète ainsi à la fois les avancées et les blocages persistants pour les femmes. Si les barrières sont multiples : économiques, sociales, culturelles; la volonté de s’émanciper reste un moteur puissant pour celles qui, chaque jour, construisent leur avenir à la force du courage.
Nancy Clémence Tshimueneka