Malgré le mandat d’arrêt lancé contre lui, Guidon Shimiray continue à semer la terreur, ses soutiens dans l’Armée toujours pas poursuivis

Guidon Shimiray, Ph. Droits tiers

Les autorités judiciaires avaient émis le 7 juin 2019 un mandat d’arrêt contre le chef de milice Guidon Shimiray Mwissa, à la tête aujourd’hui d’une faction de Nduma Defense of Congo-Rénové (NDC-R). Il est poursuivi pour participation à un mouvement insurrectionnel, recrutement d’enfants soldats et crimes contre l’humanité par viol dans l’est de la RDC.

Plus d’une année plus après ce mandat, ce milicien, bien qu’affaiblit par la scission en juillet de son groupe armé, continue à commettre des meurtres, des viols, à extorquer de l’argent, et à pratiquer l’esclavage sexuel et le recrutement forcé d’enfants

« Le mandat d’arrêt délivré en 2019 n’a pas empêché Guidon de commettre d’horribles exactions contre des civils dans les zones qu’il contrôle », a déclaré Thomas Fessy, chercheur principal pour la RD Congo à Human Rights Watch. « Les individus qui le soutiennent au sein de l’armée congolaise devraient faire l’objet d’une enquête et de poursuites judiciaires pour s’être appuyés sur une milice responsable d’abus. »

Pour Humain Rights Watch, les autorités congolaises devraient mettre en œuvre le mandat d’arrêt et traduire en justice les officiers de l’armée nationale qui l’ont soutenu.

Guidon Shimirayi a longtemps était le maître d’une zone aussi grande que tout le Rwanda (Walikale, Lubero, Masisi et Rutshuru). Sous sa conduite, le NDC/R est devenu le groupe armé le plus important du Nord-Kivu avec comme arguments « la lutte contre les FDLR, la garantie que la population autochtone puisse contrôler ses terres et ses ressources, et la représentation accrue des Nyanga au sein du gouvernement et de l’armée congolaise, précise ce document ».

Guidon Shimiray Mwisa est également à la tête du Réseau de Patriotes Résistants congolais (RPRC), une nouvelle plateforme de six groupes armés du Nord et Sud-Kivu, du Maniema ainsi de la Tshopo qui ont décidé de coaliser, fin novembre 2019, dans l'attente des pourparlers avec Kinshasa. 

Dans un rapport publié ce mardi, entre janvier 2016 et septembre 2020, Human Rights Watch s’est entretenu avec plus de 100 personnes, parmi lesquelles des victimes et des témoins d’attaques perpétrées dans les quatre territoires, d’anciens enfants soldats, des sources au sein des services de sécurité congolais, des membres du personnel de l’ONU et des activistes locaux. Human Rights Watch a également analysé et authentifié bon nombre de séquences filmées par des résidents locaux avec des caméras non-divulguées, montrant des abus perpétrés par les miliciens du NDC-R et prouvant l’existence d’une collaboration entre l’armée congolaise et le groupe armé. Étant donné le caractère généralisé des abus commis et les zones reculées dans lesquelles le NDC-R opère, cette recherche ne couvre seulement qu’une fraction des abus commis.

Dans le même document HRW répertorie des faits et crimes imputables à Guidon dont des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants tués dans ces quatre territoires, pour la plupart à coups de machette ou par balles. Lors de ces attaques, les combattants ont pillé et incendié des habitations et torturé des hommes et des femmes avec des couteaux et des machettes, selon témoins et victimes, dont d’anciens enfants soldats.