Suspension du DG de l’autorité de l’aviation civile : les agents reprennent avec la grève

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Les agents et cadres de l’Autorité de l’Aviation Civile (AAC) en RDC continuent de s’opposer à la suspension de leur directeur général par le ministre des transports et voies de communication. Pour eux, la remise et reprise ordonnée par Didier Mazenga pour ce mercredi 16 septembre est contraire à la décision du Chef de l’Etat qui a recommandé que ce dossier soit remonté à la présidence afin de permettre à Jean Tshiumba de faire valoir son droit puisque « faussement et arbitrairement » mis en cause.

Dans leur mémorandum adressé ce jour au premier ministre, les agents de l’AAC/RDC considèrent le forcing de Didier Mazenga  qui n’est pas à son premier forfait comme un « acharnement politique » avec des idées derrières.

« Pour notre part, nous constatons qu’il y a maintenant de l'acharnement politique sur notre directeur général, en vue de profiter de la cacophonie notamment injecter des militants des partis politiques à l’ACC/RDC, comme le ministre l’a fait au Bureau Permanent d’Enquêtes d’Accidents et incidents d’aviation (BPEA) et à l’OEBK. Nous saisissons cette opportunité pour vous rappeler, Excellence Monsieur le Premier Ministre, qu’il n’est pas normal que le ministre des transports et voies de communication, depuis sa nomination à la tête de notre ministère, tous les arrêtés qu’il prend sont toujours sujets à problème et suscitent régulièrement des remous sociaux dans tous les secteurs du ministère », peut-on lire dans ce mémo signé par leur représentant, Lemonde Nkongolo Bukumba.

Et de poser des questions au Chef du gouvernement :

« C’est ici l’occasion de vous demander pourquoi le ministre bafoue-t-il votre autorité en tant que Chef du gouvernement en refusant de rapporter les arrêtés à problème dont vous avez parfaite connaissance ? Pourquoi ce ministre refuse-t-il de se plier à la décision du Conseil d’Etat ayant suspendu les arrêtés qu’il a pris dans le dossier de l’OEBK et du gouvernement que vous dirigez ne prend aucune disposition contre lui ? Pourquoi ces arrêtés ne sont jamais préalablement soumis au conseil des ministres comme instruction en a été faite par vous-même à tous les membres du gouvernement ? ». 

Au demeurant de la situation, le personnel de l’AAC/RDC qui avait suspendu la grève après la prise de position du président Félix-Antoine Tshisekedi au dernier conseil des ministres annonce la reprise du mouvement de grève jusqu’à nouvel ordre.

« Prenant en compte tous ces abus, nous vous informons avec tout le respect que nous vous devons de notre opposition farouche à toute tentative de remise et reprise dans ces conditions et ce, jusqu’au sacrifice suprême s’il échait. Nous allons donc reprendre notre mouvement de protestation et de grève jusqu’à obtenir gain de cause », conclut le document.

Jean Tshiumba a été suspendu le 7 septembre dernier. Le ministre des transports et communications lui reproche d’avoir signé sans l’aval du gouvernement un accord le 30 septembre avec LLC, lequel accord a permis le survol du ballon stratosphérique qui s’est écrasé près de Buta en survolant l’espace aérien congolais. Dans son arrêté, Didier Mazenga soulignait la portée scientifique et sécuritaire de cette décision et le fait qu’aucune communication n’a été adressée au gouvernement à ce sujet.

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Dans une correspondance adressée au premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le lendemain de sa suspension, le DG de l’AAC avait dénoncé "des motifs fantaisistes" évoqués par sa tutelle pour motiver "la suspension d’un mandataire de l’Etat, nommé par Ordonnance du Chef de l’Etat, sans s’en référer au préalable à la hiérarchie".

Dans une note de clarification parvenue, dimanche 13 septembre à ACTUALITE.CD, Didier Mazenga réfutait ses accusations et précisait que d'après la loi n°10 /014 du 31 décembre 2010 relative à l'aviation civile et le décret N°011 /29 du 10/06/2011 portant statut d'un établissement public dénommé Autorité de l'aviation Civile en République Démocratique du Congo, cette suspension ne viole aucune disposition de la loi.

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A la 47ème réunion du Conseil des Ministres le 11 septembre dernier, le Ministre des Transports et voies de communication avait proposé au Gouvernement la suspension du DG de l’AAC. Après débats, le Conseil des Ministres avait proposé de faire remonter auprès du Chef de l’Etat, l’appréciation de la décision proposée, au regard des textes régissant l’AAC, et des implications de certains services, avant entérinement de cette décision, l’occasion étant ainsi donnée au concerné de faire valoir son droit au contradictoire avant l’entérinement éventuel de cette décision.

Fonseca MANSIANGA