Le gouvernement congolais qui était en conseil des ministres vendredi 24 juillet n’a pas fait allusion dans son compte-rendu aux tueries de 220 personnes le 16 juillet dernier par une coalition des miliciens Ngumino, Twirwaneho et Red Tabara à Kipupu, dans la chefferie d’Itombwe (territoire de Mwenga) au Sud-Kivu.
« La situation sécuritaire est relativement calme sur toute l’étendue de la République. On notera cependant que certains groupes armés réfractaires au désarmement se sont illustrés par des attaques contre des civils et des positions des FARDC dans les provinces de l’Ituri et du Sud-Kivu où ils ont été repoussés par les forces loyalistes. », s’est contenté de dire le Vice-premier ministre, ministre de l’intérieur, sécurité et affaires coutumières, cité dans le compte-rendu du conseil.
« Le Ministre de la Défense a indiqué que la situation générale demeure relativement calme et globalement sous contrôle sur l’ensemble du Territoire National, nonobstant les foyers d’insécurité isolés existant dans quelques territoires de la partie Est du pays que nos Forces Armées s’emploient à éradiquer inlassablement. », ajoute le document.
Près de 10 jours après les tueries, aucune autorité congolaise n’a pu se prononcer sur la question alors que l’armée avait reconnu l’attaque contre les civils à Kipupu même si elle n’a pas avancé un bilan. Plus de 400 maisons étaient incendiées et une centaine de civils disparus.
Après la confirmation de ces tueries par 30 députés provinciaux du Sud-Kivu, plusieurs personnes notamment des députés nationaux sur les réseaux sociaux avaient demandé au gouvernement de clarifier ces allégations. Ce qui a été réitéré par la Présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda le 22 juillet dernier lors de la clôture de la session de mars.
« La présente session s’achève dans un contexte particulier sur le plan sécuritaire avec la résurgence des tensions multiformes, notamment avec l’alarmante nouvelle à vérifier d’un massacre de près de sur 220 personnes sur les Haut Plateaux de Fizi-Mwenga-Uvira dans la nuit du 16 au 17 juillet dernier (…) », avait-elle demandé.
La Monusco a promis de dépêcher « très prochainement » une mission à Kipupu pour vérifier ces allégations. En attendant, l’armée affirme avoir installé ce jeudi un camp permanent dans la zone afin d’assurer la sécurité de la population qu’elle appelle par ailleurs, à regagner le milieu. « Les militaires sont déjà à Kipupu mais c'est très difficile à la population de regagner le village. Nous avons été attaqués pendant la nuit, nous avons tout perdu, les gens n'ont pas d'habits, tous les biens ménagers ont été brûlés dans des maisons, alors on nous dit de rentrer, comment nous allons vivre ? D’ailleurs les blessés ne sont pas pris en charge jusqu’à présent. Nous craignons pour notre sécurité car ce n'est pas la première fois que l'armé installe le camp à Kipupu mais après un temps elle ferme le camp. Est-ce que cette fois, elle y restera pour toujours ? », s'interroge Enasi Yoni, chef de localité de Kipupu.
Patrick Maki