Kibambi Shintwa: « le journaliste doit éviter de jouer au donneur des leçons »

Ph/actualite.cd

Icône, Kibambi Shintwa l’est. Il représente encore aujourd’hui l’excellence tant en radio qu’en télévision. Il a accepté de répondre aux questions de ACTUALITE.CD à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.

Quel est, selon vous, le rôle de l’information journalistique dans la construction de la démocratie et du développement en RDC?

Le rôle de l'information consiste pour le journaliste à mettre à la disposition de l'opinion des éléments susceptibles de répondre aux questions qu'ils se posent justement en matière de démocratie. Et ce sont des éléments qui puissent lui permettre de se mettre ensemble avec son environnement ou des éléments de nature à lui permettre de s'arrimer au développement. Par exemple mettre en contact l'opinion avec des personnes ressources, des experts par le canal des interviews notamment. Et surtout, il faut éviter de jouer aux donneurs des leçons car le public n'aime pas ça. 

Quels sont, selon vous, les principaux chantiers pour faire de l’information journalistique un pilier de la démocratie et du développement en RDC?

Premièrement, c'est en organisant des émissions, des magazines élaborés contradictoires ou pas, des émissions interactives qui permettent de se faire sa propre opinion par rapport à la démocratie. Deuxièmement, c'est comparer la démocratie de la RDC avec ce qui se passe ailleurs. Si je parle d'ailleurs, je ne fais pas forcément allusion aux pays occidentaux. Je pense aussi aux pays africains. Cette comparaison peut permettre d'améliorer notre perception de la démocratie. Surtout, il faut que les médias audiovisuels utilisent le langage courant. En RDC, toutes les radios et télévisions parlent français et Lingala. On imagine pas l'impact qu'aurait une radio qui ne parlerait que Lingala comme cela se passe dans d'autres pays africains. C'est très important.

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Qu’est ce qui est le plus urgent à faire aujourd’hui?

Le plus urgent à faire, c'est de considérer l'information du journaliste dans le sens d'information continue. Mettre le journaliste à l'aise afin de lui permettre d'aller récolter l'information, la traiter, la vérifier avant de la diffuser. Ce sont des éléments qui quant on n’a pas des moyens, il est difficile de jouer ce rôle. Un journaliste doit maîtriser sa langue de travail. On constate dans nos pays que parfois, c'est dans un français approximatif qu'on s'adresse aux éditeurs et téléspectateurs. Comment voulez-vous qu'ils puissent avoir confiance en vous s'ils constatent que vous n'êtes pas véritablement outillés. Donc un journaliste crédible, c'est-à-dire celui n'est pas aux ordres, un journaliste armé de tous ses éléments est crédible. Et l'information qu'il diffuse est reçue de manière très aisée.

CONTEXTE

Malgré ce bond, Journaliste en danger (JED) brosse un tableau sombre de la situation.  En l’espace de 12 mois, soit depuis la célébration de la dernière journée mondiale de la liberté de la presse, le 03 mai 2019  jusqu’au 03 mai 2020, au moins 83 cas d’atteinte à la liberté de la presse ont été documentés à Kinshasa et dans les différentes provinces de la RDC. 

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Ecoutez Kibambi Shintwa dans ce podcast.