Sauts-de-mouton : à un groupe des députés, l’OVD et l’Office des routes répondent qu’il n’y a pas d’argent, IGF appelée à mener l’audit sur les montants alloués aux travaux

Photo ACTUALITE.CD.

Les deux entreprises étatiques à savoir, l’Office de voirie et drainage (OVD) et l’Office des routes (OR) sont claires : il n’y a pas d’argent pour commencer ou poursuivre les travaux de construction des sauts-de mouton initiés depuis huit mois à Kinshasa dans le cadre du programme de 100 jours de Félix Tshisekedi aussitôt arrivé à la magistrature suprême.

L’OVD et l’OR l’ont ouvertement dit à un groupe des députés de Kinshasa qui affirment avoir visité notamment les chantiers des sauts-de mouton de ASSANEF et SOCIMAT. « Le directeur général de l’OVD et le directeur général de l’Office des routes nous ont confirmé que les travaux ont piétiné par manque de financement. », a dit à ACTUALITE.CD le député Ados Ndombasi.

L’élu de la Lukunga et ses collègues (8) s’apprêtent à se rendre au ministère des finances pour tenter de débloquer la situation. « Nous allons demander aux responsables conseillers du ministère des finances de demander à leur ministre l’exécution du dernier paiement pour permettre à l’OVD et à l’office des routes d’achever rapidement les travaux. Aujourd’hui ces chantiers sont devenus des occasions de chute pour les congolais qui sont ici, ils sont obligés de se réveiller vers 3H00 du matin et retourner chez eux très tard. », a-t-il ajouté.

Le programme de 100 jours chiffré à 304 millions USD, avait prévu des travaux de construction ou de réhabilitation des infrastructures de base dans plusieurs coins du pays et l'amélioration des conditions de vie des Congolais. Mais ces montants ont atteint 422 millions USD selon l’Observatoire des dépenses publiques (ODEP), dépenses non autorisées par le parlement.

D’où, les élus de Kinshasa veulent, en dehors des prérogatives parlementaires, que l’Inspection générale des finances (IGF) puisse initier un audit sur la gestion des gros moyens alloués à ces travaux.

« Nous avons demandé aussi qu’un audit soit mis en place pour comprendre comment les ressources financières ont été gérées. Il y a aussi l’inspection générale des finances qui peut aider à cela, mais aussi les ministères des ITPR dans le contrôle. Nous allons adresser une question orale au ministre des finances et au vice-premier ministre des infrastructures pour comprendre la léthargie qui se trouve dans l’exécution de ces travaux », a promis Ados Ndombasi.

Le blocage des travaux des sauts-de mouton sont sur les lèvres de nombreux kinois. A la grande surprise de plusieurs observateurs, les chantiers de ces ouvrages sur le boulevard Lumumba (Debonhomme, Liberté et Pascal) étaient dénudés suite au violent vent qui a accompagné la pluie la semaine dernière dans la capitale. Les images “honteuses” de ces ouvrages ont fait le tour sur les réseaux sociaux.

L’UDPS, parti au pouvoir veut aussi évaluer ce 15 février les travaux de 100 jours. Son secrétaire général, Augustin Kabuya est strict sur ce point : « De grosses sommes ont été déboursées pour ces travaux. J’ai suivi le directeur de cabinet du chef de l’Etat et le ministre des finances autour du programme de 100 jours, … Nous devons savoir qu’est-ce qui s’est réellement passé dans cette affaire. Il était interdit de franchir l’enclos (bleu) qui encadre les sauts-de mouton. Dieu nous a envoyé le vent qui a défait ces tôles bleues et nous avons remarqué qu’une année après le lancement des travaux, il n’y a que le pavement, plus rien d’autre.  Et vous allez nous interdire au nom des alliances, de savoir ce qui se passe là (aux chantiers des saut-de mouton) ? », a-t-il déclaré mercredi devant les militants du parti au cours d’une matinée politique.

Mais le ministre des finances, Selé Yanghuli qui a pris sa fonction après que ces travaux ont été lancés a affirmé que 70% de financement ont été décaissés et qu’il attendait les justificatifs d’exécution physique et financière avant de débourser quoique ce soit. 

Patrick Maki