Ituri : retour au calme au village Jalusene (Mahagi) après des protestations de la population suite à une incursion des miliciens

Un milicien dans l'Est de la RDC

La tension était vive ce vendredi 31 janvier au centre de négoce Jalusene, dans la chefferie de Jukoth (territoire de Mahagi). La population était dans la rue pour protester contre une incursion des miliciens de CODECO actifs dans la région depuis fin 2017.

« Ils ont fait incursion tôt le matin de ce vendredi en tirant plusieurs coups des balles à l'air pour intimider la population. Ces inciviques ont copieusement pillé les commerçants et des sommes importantes d'argent avant s’en aller vers 5 heures du matin. Nous regrettons seulement le fait qu’il n’y avait pas des militaires pour secourir cette paisible population. C'est pourquoi nous demandons aux autorités sécuritaires de renforcer la présence militaire dans cette zone », a expliqué Patrice Ufoyuru, président de la société civile de Mahagi.

Dans leurs protestations, les habitants ont érigé plusieurs barricades sur les artères empêchant tout trafic. La situation a duré plusieurs heures.

« Nous sommes fatigués de supporter les exactions de la part de miliciens de CODECO bien identifiées. Ils ont semé la terreur et la désolation presque toute la nuit jusqu'à 5 heure du matin. Alors nous nous sommes décidés de barricader la route qui nous relie avec le territoire de Djugu d'où viennent souvent ces assaillants car on ne peut pas cohabiter avec les massacreurs, les ennemis. Nos enfants ne fréquentent pas l'école aujourd'hui à cause de cette fameuse milice, les déplacés sont enregistrés ci et là et vous trouvez ça normal ? Non c'est inadmissible raison pour laquelle notre manifestation va continuer jusqu'au jour où nous trouverons solution », a dit au téléphone d’ACTUALITE.CD Gervain Ufoyo, un des manifestants.

L'armée n'a pas confirmé ni infirmé une quelconque incursion des miliciens ce vendredi dans cette partie du territoire de Mahagi.

D’après le décompte de la société civile, 194 personnes ont été tuées par des miliciens en une année (de janvier 2019 à janvier 2020) dans le territoire de Mahagi, frontalier avec l’Ouganda.  « Nous avons les regrets de vous tracer un tableau sombre de nos compatriotes tués par la milice de CODECO il y a environ un an. Dans la chefferie de Mokambo, ils ont massacré 134 personnes. Dans la chefferie de Panduru 42 personnes, dans la chefferie de Jukoth 13 personnes et enfin 5 personnes tuées dans la chefferie de Ang'hal. », a détaillé Patrice Ufoyuru, président du noyau de la société civile de Mahagi dans une correspondance adressée le 25 janvier dernier au Président de la République, Félix Tshisekedi.

Franck Asante, à Bunia