L’an 1 du pouvoir de Tshisekedi : à Kananga, l'espoir cède la place à la déception

TSHISEKEDI

L'An 1 de l'arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi est vue par la majorité des habitants de Kananga, chef-lieu du Kasaï Central, comme une année des espoirs soulevés déçus  par l'accession d'un premier fils du Kasaï au sommet de l'État.

« Nous nous étions mobilisés le 30 décembre 2018 pour aller voter massivement Félix Tshisekedi. Le jour de la proclamation de sa victoire était pour tout notre quartier, un jour de la renaissance du Kasaï. Nous attendions des routes,  de l'eau et de l'électricité. Un an après, rien n'indique que le président a le Kasaï Central dans son agenda. C'est grave pour nous car, qui parlera encore du Kasaï Central après le pouvoir de Tshisekedi », s’inquiète Bernadette Mputu, vendeuse des ballots de friperies au marché de Kananga.

De son côté, le président des conducteurs des motos de Kananga pense que la situation des taxes et impôts à Kananga est devenue pire que sous Kabila.

« Aujourd’hui, on nous fait payer des taxes plus qu'à l'époque de Kabila. Nous payions 80.000 FC mais à ces jours, nous sommes obligés de débourser 150.000 FC. Les policiers sont partout et nous tracassent beaucoup. Que fait-on de cet argent ?  Nous ne savons pas. Il n'y a pas des routes, les érosions partout. Même l'avenue qui porte le nom du père du président Tshisekedi est coupée par les ravins alors que sous Kabila, c'était l'une de meilleures avenues de la ville. On nous a dit que Maman Marthe (ndlr : la mère du président)  va financer les travaux de réhabilitation de cette avenue mais depuis rien », regrette Henri Kazadi.

Dans le camp des irréductibles partisans du président Tshisekedi,  l'espoir n'est pas perdu. Gabriel Ilunga, cadre de l'UDPS appelle la population au calme et à faire confiance au chef de l'Etat.

« Le président est un homme de parole. Il a dit lors du discours sur l'état de la nation que 2020 est une année de l'action. J'appelle le centre kasaiens à lui faire confiance. Les choses vont bouger cette année pour le bien de la population du Kasaï Central. Le pays est très grand et les régimes passés l'ont laissé au fond de l'abîme » explique-t-il.

Pour sa part, Albert Mbanda de la société civile pense que le temps joue en défaveur du  président Tshisekedi.

« Nous sommes en 2020. Si les sauts-de-mouton à Kinshasa prévus pour trois mois ne sont toujours pas finis,  que viendra faire le président au Kasaï. Le temps se graine et bientôt, c'est 2021. Nous avons le malheur de lui avoir donné plus de 90% des suffrages. À la fin de son mandat,  le monde va se moquer des Kasaïens », dit-il.

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Sosthène Kambidi, à Kananga