RDC: le coltan exploité par des groupes armés à Masisi toujours vendu au Rwanda, rapportent les experts de l’ONU

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Dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu), des factions Nyatura et des combattants du NDC-R ont continué de se disputer deux sites miniers validés, à savoir ceux de Kibanda (coltan) et de Rubonga (coltan et cassitérite), note le Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo, dans son rapport publié le 20 décembre 2019 et adressé à la Présidente du Conseil de sécurité de l’ONU.

Deux responsables de la Commission nationale de lutte contre la fraude minière (CNLFM),, deux agents de la police des mines (Polimine) et un magistrat ont informé le Groupe d’experts que les activités de contrebande de minerai à destination du Rwanda continuent. Ces propos ont été confirmés par deux contrebandiers interrogés séparément par le Groupe d’experts. 

À Katindo, un contrebandier de wolframite a montré au Groupe d’experts différentes quantités de wolframite non étiquetée et stockée dans des sacs de pommes de terre ou en vrac, jonchant le sol. Ce contrebandier a informé le Groupe d’experts qu’il se procurait chaque semaine des sacs de 20 à 40 kilogrammes de wolframite auprès de mines du territoire de Masisi. Le Groupe d’experts a constaté que le minerai de contrebande empruntait toujours, pour sortir de République démocratique du Congo et entrer au Rwanda, les itinéraires qu’il avait précédemment décrits.

En septembre 2019, le Groupe d’experts, explique le rapport, a visité deux dépôts clandestins à Mabanga et Katindo, dans la banlieue de Goma. Deux contrebandiers qui y avaient temporairement stocké du coltan et de la wolframite non étiquetés lui ont déclaré qu’ils vendaient les minerais à Goma ou du côté rwandais de la frontière, à Gisenyi (Rubavu). 

Selon les témoignages séparés de trois représentants de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et de deux officiels de la Commission nationale de lutte contre la fraude minière (CNLFM), l’augmentation de la redevance prévue par la version révisée du Code minier de 2018 pourrait avoir eu un effet d’incitation sur la contrebande de coltan. La FEC a écrit au Ministère des mines pour demander un moratoire sur l’application du taux de redevance majoré, ajoute le rapport.

Aussi, ajoute ce rapport, selon une liste officielle des mines validées entre 2012 et 2019, la dernière validation de Kibanda et Rubonga, selon la même source, par le Ministère des mines remonte à février 2016 et les deux sites sont restés classés « vert » depuis, malgré la présence sur place d’éléments armés. 

« Le fait que les mines ne soient pas revalidées tous les six mois, comme l’exige le droit congolais, et les longs délais entre les missions de qualification et la publication des arrêtés ministériels de validation remettent en cause la fiabilité du classement des sites », expliquent les experts. 

Les membres du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo, dont le mandat a été prorogé jusqu’au 1er août 2020 en application de la résolution 2478 (2019) du 26 juin 2019, ont été nommés par le Secrétaire général le 29 juillet 2019.