Massacres de Makobola : "Tant que justice ne sera pas rendue, ces crimes resteront une plaie béante sur la conscience de l'humanité" (Denis Mukwege)

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Le Prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege a plaidé ce mardi 31 décembre pour la justice en faveur des victimes de massacre de Makobola, sur le 30 décembre 1998 dans cette localité du territoire de Fizi (Sud-Kivu). D’après l’ONU 702 personnes ont été massacrées à Makobola. Un bilan qui pourrait être plus lourd. Car population locale rapporte plus 1400 morts : des femmes, enfants et vieillards brulés dans leurs maisons par les rebelles du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) et leurs soutiens rwandais. Dans un message de vœux prononcé ce mardi 31 décembre, au lendemain de la commémoration de 21 ans de ce massacre, Denis Mukwege a prévenu que "tant que justice ne sera pas rendue, ces crimes resteront une plaie béante sur la conscience de l'humanité". «30 ans après, ces corps profanés, ces vies fauchées crie-t-on pas vengeance mais justice. Tant que justice ne sera pas rendue, Makobola et les nombreux autres lieux de crimes de masse, de crimes contre l’humanité voire des crimes de génocide commis en République Démocratique du Congo resteront une plaie béante sur la conscience de notre humanité commune. Leur mémoire nous hantera à jamais. Leur mémoire continuera à s’écrire à l’encre indélébile du sang et de la honte. Leur mémoire sera un lègue d’irresponsabilité de notre génération aux générations futures», interpelle Denis Mukwege. Denis Mukwege s’est inquiété de constater que rien n’est, jusque-là, fait pour sanctionner les auteurs de ces crimes, pourtant documentés par le rapport Mapping des experts de l’Organisation des Nations Unies. Un rapport qui décrit, d’après Denis Mukwege, "méthodiquement et de façon professionnelle les lieux de massacres, leur modus operandi, le nombre de victimes". Il recommande que ce rapport soit déterré du tiroir de l’ONU pour qu’enfin les auteurs intellectuels et les bourreaux de Makobola-Kasika soient jugés. A l’occasion de la commémoration de 21 ans de ce massacre, les victimes ont organisé, du 29 au 30 décembre dernier, une série des cérémonies à Makobola, pour réclamer justice et réparation. Cérémonies commémoratives qui ont également connu la participation de plusieurs autorités politiques parmi lesquelles le ministre provincial de l'Intérieur et sécurité, Lwabanji Lwabasinga et celui du plan, Rodin Aochi. Quelques députés nationaux et provinciaux étaient aussi présents tout comme l’évêque d’Uvira, Mgr. Sébastien Muyengo. Claude Sengenya