Théodore Ngoy déplore le meurtre de l’AG de Vijana, mais doute de la responsabilité pénale de Makambo et redoute un procès politique

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L’avocat Théodore Ngoy a rejoint l’équipe de défense de Dolly Makambo, ministre provincial de l'Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières, dans le dossier du meurtre, mercredi, de l’administrateur du centre de santé Vijana, dans la commune de Lingwala, à Kinshasa. Contacté hier par le ministre, l’avocat, également ancien candidat à la présidentielle, a expliqué à ACTUALITE.CD ses motivations : « Une fois de plus, je déplore ce qui s’est passé, mais pour m’assurer que Monsieur Makambo soit jugé dans le respect du droit, pour qu’on ne fasse pas de cela un procès politique au détriment de la vérité judiciaire, j’ai accepté d’être le conseil ».

Il a comparu à ce titre hier et déplore les conditions du déroulement de la procédure. D’après lui, Dolly Makambo, jusqu’hier, n’était pas en mesure de lui dire exactement les faits mis à sa charge. « Ce qui est déjà très grave et une violation d’un droit constitutionnel fondamental », dit-il.

« Nous savons qu’il y a un policier qui a tiré sur un citoyen et cela est très grave. Nous déplorons tous cela. Tous ceux-là qui ont concouru à ce que cela arrive doivent être jugés. Est-ce que Dolly Makambo a une responsabilité pénale ? Certains peuvent trouver une responsabilité politique, maintenant il faut prouver la responsabilité pénale. Quand est-ce qu’il a incité le policier ? Est-ce que l’incitation était flagrante ? Est-ce qu’on l’a trouvé en train de poser des actes en flagrance pour inciter les gens ? Celui qui a commis cet acte-là, c’est celui-là qui doit être poursuivi en procédure de flagrance, pas le ministre », a-t-il ajouté.

A ce niveau d’information, il est mis à la charge du ministre le fait d’incitation des policiers à commettre des actes contraires à leurs devoirs, le fait d’assassinat et le fait de torture, d’après d’autres membres de la défense de Dolly Makambo, qui soutiennent qu’ils n’ont pas accès aux pièces du dossier.

« La procédure de flagrance fait que la personne n’est pas bien informée, la personne n’a pas suffisamment de temps pour se préparer et ce, devant une juridiction militaire dont la compétence n’est pas évidente. Je devrais empêcher cette procédure de se poursuivre. Cette procédure ne permet pas d’avoir un procès équitable. On risque de condamner le ministre très vite pour calmer l’opinion. On veut le condamner pour des faits, d’après ce que je sais du dossier, qu’il n’a pas commis », a t-il expliqué. 

Jeudi, l’exception d’incompétence soulevée avait été rejetée par la Cour qui avait décidé de poursuivre l’instruction sur le site de l’hôpital. Et pendant ladite instruction, le chauffeur de la jeep à bord de laquelle avaient embarqué les policiers commis à la garde du ministre avait déclaré n’avoir pas reçu un ordre du ministre pour se rendre à l’hôpital Vijana.

Placé en résidence surveillée, Dolly Makambo sera à nouveau devant les juges, ce vendredi, sur le site du centre hospitalier Vijana.