RDC : Le conseil des ministres recommande de renforcer les « moyens matériels des forces armées » qui traquent les miliciens à Djugu

Photo ACTUALITE.CD.

La résurgence des attaques armées des miliciens dans le territoire de Djugu (Ituri) était au menu du deuxième conseil des ministres vendredi 21 septembre 2019 à Kinshasa.

Le gouvernement avance un bilan de près de 17 civils tués ces derniers jours dans les localités attaquées par les miliciens.

« On a observé des attaques à l’arme blanche causant près de 17 morts et plusieurs blessés. Une réunion de sécurité a eu lieu entre le ministre de l’intérieur et celui de la défense, le gouverneur de l’Ituri ainsi que le représentant du conseiller spécial du chef de l’Etat et le commissaire provincial a.i pour trouver les voies et moyens de mettre fin à ces attaques et restaurer la paix dans cette partie de la République. », dit le compte-rendu du conseil lu par le ministre d’Etat David-Jolino Makelele.

Le conseil fait sa recommandation : « Il y a lieu de renforcer les moyens matériels de nos forces armées pour mieux faire face à cette situation ».

Selon la société civile du territoire de Djugu, au moins 34 civils ont été tués en moins de dix jours au cours des différentes attaques armées qui ont visé notamment les sites des déplacés.

Les attaques armées refont surface dans le territoire de Djugu après un calme relatif observé suite à une offensive de l’armée menée en juillet contre les assaillants dirigés, d’après les autorités sécuritaires, par un certain Ngudjolo.

Félix Tshisekedi avait séjourné fin juin en Ituri et s’était même rendu jusqu’à Djugu. Il avait décidé que l’armée « restera à Djugu jusqu’au jour où il n’y aura plus de coup de feu ». Mais cette décision semble ne pas apporter la paix aux communautés locales qui font face à des nouvelles attaques.

La MONUSCO a condamné jeudi les attaques à Djugu particulièrement contre les déplacés.

Les violences armées avaient resurgi, en avril dernier, dans le territoire de Djugu. L’armée avait identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités de Djugu et dans la chefferie de Mokambo, en territoire de Mahagi. Elle avait même affirmé que la milice était anéantie après la conquête du bastion des miliciens, situé dans la forêt Wago, suite à l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ». 

Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, avait dénoncé, pour sa part, l’existence d’une « secte mystico-religieux » dénommée CODECO, qui encourage les violences ayant déjà fait des centaines de morts dans le territoire de Djugu.

Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils avaient été tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes, arrivés à Bunia, étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences depuis début juin dans les territoires de Djugu et Mahagi.

Patrick Maki