Election du gouverneur au Sankuru : un expert redoute des violences à caractère ethnique

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L’avocat Carlos Mupili, membre de la Dynamique Chrétienne pour la Défense des Droits humains et de l’Environnement (DCDDHA), s’alarme de la situation qui prévaut dans la province du Sankuru où la candidature unique de Lambert Mende au gouvernorat pose problème. Le président de la République a reporté cette élection à une date ultérieure. Des manifestations populations se sont ensuivies à Lodja et à Lusambo pour dénoncer, d’une part, et soutenir, d’autre part, la décision du chef de l’Etat.

Carlos Mupili explique que le débat autour de l'élection du gouverneur dans le Sankuru est dominé par une confrontation entre plusieurs ethnies.

« Le problème du Sankuru, selon le rapport et l’information que nous détenons de la part de la coordination provinciale du Sankuru et d’autres organisations des droits de l’homme, il y a un risque des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide qui se profilent dans cette province, si on ne fait pas attention. Premièrement, il y a la majorité de Tetela qui sont contre d’autres ethnies minoritaires telles que Bakua Mputu. Deuxièmement, il y a aussi les Tetela de Lodja, soutenant la candidature unique de Lambert Mende Omalanga, et qui sont contre les Tetela d’autres territoires car ceux-ci refusent la candidature de Mende. Ce qui fait qu'aujourd'hui, si on se tient seulement au droit qui organise les élections des gouverneurs, ça ne sera pas suffisant pour espérer la paix dans cette partie du pays. Car, demain, on va gérer des questions sécuritaires comme celle de Kamuina Nsapu et des questions humanitaires. Donc il faut regarder la situation sous un autre angle», explique le juriste.

Carlos Mupili appelle le gouvernement à prendre des mesures efficaces pour réconcilier les différentes communautés dans la province du Sankuru avant d’organiser les élections des gouverneurs.

« Nous, au niveau de la Dynamique chrétienne pour la Défense des Droits humains et de l’Environnement, nous avons proposé au président de la République, de suspendre même pendant deux ans l'élection du gouverneur dans la province du Sankuru. Il faut nommer un commissaire spécial, non-originaire de la province du Sankuru, qui aura deux missions : la première mission est de créer la vie d’ensemble entre les différentes communautés locales déchirées par les leaders politiciens. Deuxièmement, poser les infrastructures de base dans les différents secteurs. Après cela, on pourra maintenant penser à organiser l’élection du gouverneur dans le Sankuru. La question sécuritaire et des droits de l’homme doivent avoir la primauté sur l’orthodoxie constitutionnelle et juridique dans notre pays », suggère-t-il.

Reprogrammée par la CENI pour le lundi 15 avril dernier, l’élection du gouverneur au Sankuru n’a pas pu avoir lieu. Certains députés qui s’étaient présentés pour voter ont été empêchés par la police d’accéder à l’Assemblée provinciale. Le même jour, la CENI avait signalé l’enlèvement d’un agent électoral chargé de coordonner l’élection du gouverneur dans le Sankuru où la candidature unique de Lambert Mende fait débat.

Fernand Mateka et Hornela Mumbela