RDC - Belgique : l’AfricaMuseum lance son programme de coopération 2024-2029 avec ses partenaires congolais

MRAC
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Le mythique Musée Royal d’Afrique Central (MRAC) ou l’AfricaMuseum, de la commune de Tervuren en Belgique, a officiellement lancé son programme de coopération avec ses différents partenaires congolais pour 5 années entre 2024 et 2029. L’événement inaugural se tient du mercredi 24 au vendredi 26 avril à Texaf Bilembo à Kinshasa. Le Directeur général de ce musée qui renferme un nombre important des biens culturels congolais, Bart Ouvry, a effectué le déplacement avec quelques-uns de ses collaborateurs.

“Ce déplacement s’inscrit dans la logique d’écouter les partenaires congolais et de ne pas dicter la collaboration à partir de Tervuren”, assure Bart Ouvry, ancien ambassadeur de l’Union Européenne en RDC entre 2016 à 2019. La coopération se veut bilatérale et sans faille, avec dialogue et écoute des partenaires pour mieux répondre aux besoins des chercheurs. 

En effet, dans ses activités muséales, comme dans tous ses projets de recherche, l’AfricaMuseum cherche à contribuer à un monde uni, équitable, inclusif et durable en fournissant aux citoyens les connaissances et les compétences nécessaires pour identifier, soutenir et participer à des pratiques inclusives et durables. C’est ce qui ressort du document de présentation de ce partenariat consulté par ACTUALITÉ.CD

C’est ainsi que cette coopération étalée sur 5 années tablera, non seulement, à accentuer la recherche et la connaissance sur le patrimoine culturel mais aussi sur le patrimoine naturel. Les travaux tourneront autour de l’étude, la gestion et la conservation du patrimoine culturel ; la conservation de la biodiversité ; l’évaluation des ressources naturelles ; la lutte contre les maladies tropicales ; la gestion durable des ressources naturelles ; et la promotion du développement inclusif.

« Pour nous, il était important quand on a un nouveau cycle de 5 ans de coopération, c’est de venir ici et être à l’écoute de notre partenaire congolais et de savoir quels sont les besoins, les envies, les ambitions des chercheurs congolais et comment pouvons-nous mieux travailler ensemble pour renforcer les institutions des recherches congolaises », a expliqué Bart Ouvry.

Parmi les partenaires congolais de l’AfricaMuseum dans cette coopération, il y a notamment l’Institut des Musées Nationaux du Congo, l’Académie des beaux-arts de Kinshasa, le Centre de recherche en sciences naturelles de Lwiro, l’INRB, l’Unikin, l’Unikis, l’Unilu, l’UKV, l’Unigom, l’UOB, Texaf Bilembo, le Centre de surveillance de la biodiversité, le musée géologique de Bukavu et bien d’autres.

« Les acquis du programme sont que nous avons une relation forte avec nos partenaires dont beaucoup sont avec nous. Nous sommes à côté et on travaille l’un avec l’autre ensemble. Le nombre de sujets est très important, c’est la biodiversité, c’est la question du climat, c’est la forêt équatoriale, c’est la question aussi de la restitution, de la reconstitution de cette culture traditionnelle, c’est une grande diversité de questions », a ajouté le directeur de l’AfricaMuseum.

Le musée n’étant pas un bailleur des fonds, ce partenariat est soutenu par la direction générale de la coopération au développement et de l’aide humanitaire belge. Une centaine de doctorants seront de la partie pendant toutes ces années. La plupart d’entre eux sont originaires de la RDC et ont basé leur carrière de chercheur sur la formation et la recherche qu’ils font avec les équipes de l’AfricaMuseum.

 

🚀 Lancement du programme de coopération pluriannuel de l'@africamuseumbe, soutenu par la coopération belge 🇧🇪.

➡️ L’occasion d'échanger et d'explorer les pistes de collaboration entre les partenaires congolais, les parties prenantes de la société en 🇨🇩 et l'AfricaMuseum.🤝 pic.twitter.com/PI1mujt3eS

— Belgique en RDCongo (@BelgiqueRDCongo) April 24, 2024

La restitution des biens culturels pillés, toujours d’actualité

Parler de l’AfficaMuseum à ce jour rime avec la question de la restitution des objets culturels spoliés avant et pendant la période coloniale. Le Directeur général du MRAC, Bart Ouvry, n’a pas fait fi de la question, rappelant par ailleurs la loi spécifique de 2022 qui a été votée pour permettre la restitution de ces objets dont les études de provenance attestent qu’ils ont été acquis abusivement en RDC.

Environ 1 500 objets sont pour le moins reconnus comme ayant été acquis de manière illégale à l’époque coloniale. Ils sont donc déjà éligibles à la restitution. Ces objets ont quitté la RDC pour la Belgique, notamment par voie de pillages, de prises d’otage ou de profanations. Cependant, pour que cette restitution soit effective, il faudra un accord bilatéral entre les gouvernements belges et congolais. Ce qui n’est pas encore fait.

L’État fédéral a octroyé un budget étalé sur quatre ans de 3,3 millions d’euros pour ce vaste projet scientifique de recherche de provenance, renseigne la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF). Média belge où l’historien Didier Gondola, professeur à l’Université John Hopkins aux États-Unis est intervenu, posant un problème de rapport de force dont l’étude de provenance ne tiendra, à priori, pas compte.

« Les objets dont on ne peut absolument pas trouver la provenance, dont on dispose de très peu d’informations, ces objets-là ne peuvent pas rentrer. Il y a aussi une catégorie des objets qui ont été acquis de façon absolument légale et légitime. Et ça, c’est une notion qu’on doit contester. Dans un rapport de force coloniale, peut-il vraiment y avoir une transaction légale, une transaction légitime ? », s’interroge l’historien Didier Gondola, coauteur du livre “La Fabrique des collections : Origines, trajectoires & reconnexions”.

Et d’ajouter : 

« La notion de violence, je crois qu’elle doit être élargie. La violence n’est pas seulement physique avec une arme. Il y a une violence dans le rapport, dans la présence même de ce blanc qui rentre dans le village pour collecter des objets ».

La visite du roi des Belges en RDC, en juin 2022, a aussi accentué la question de la restitution. Dans le même cadre, un comité scientifique a été mis en place pour étudier entre belges et congolais, lesquelles de ces œuvres doivent être restituées à la RDC. Aussi, le roi Philippe a procédé, lors de ce même passage en RDC, à la remise d’un masque de l’ethnie Suku dénommé “Kakuungu”. Ce masque est hébergé au sein du musée national de la RDC pour symboliser la collaboration en matière de reconstitution du patrimoine culturel congolais.

Pour rappel, en mars 2022, le Premier ministre congolais, Sama Lukonde, a officiellement remis à la ministre de la culture, arts et patrimoine, le répertoire et la cassette des échantillons des biens culturels de la RDC détenus par la Belgique. Le chef du gouvernement congolais les avait reçus en février auprès de son homologue belge, Alexandre de Croo. Ces documents répertorient 84 000 objets culturels congolais ayant rejoint la Belgique pendant la colonisation.

Kuzamba Mbuangu