RDC : Nécessité de création d’une brigade anti-corruption

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Tribune du Dr Jean Michel Kayumba MD

Le président de la République démocratique du Congo, son excellence Monsieur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, dans son discours d'investiture avait promis de mener une bataille acharnée contre le fléau de la corruption qu’il a pertinemment appelé la "gangrène de la société congolaise".

Faire de la lutte contre la corruption, sans réforme profonde des institutions, serait un slogan creux comme on en a connu avec les régimes précédents.

En ce moment, la République démocratique du Congo est classée 161ème sur 180 pays en matière de perception de corruption par l’ONG Transparency International, faisant de la RDC l’un des pays les plus corrompus de la planète, portant ainsi un discrédit sur les institutions de la république avec un impact négatif sur les investissements.

Notons qu’il y a un corollaire étroit entre le degré de corruption et l’indice de facilité de faire les affaires, ceci explique que la RDC a un indice de facilité de faire les affaires estimées à 36,85 sur 100, nous ramenant au 184ème rang sur 190 pays, faisant de la RDC un des pays les moins attractifs pour faire les affaires.

Nous estimons que le nouveau régime avec à la tête SEM président Félix Tshisekedi est soucieux de changer ce paradigme pour hisser la RDC au rang des pays émergents, d’ici l’horizon 2030.

Pour se faire, le gouvernement congolais doit s’engager à promouvoir la bonne gouvernance en menant une lutte acharnée contre la corruption sous toutes ses formes, comme il l’a annoncé lors de son discours d’investiture.

En effet, la bonne gouvernance et, en particulier, la lutte contre la corruption et les infractions connexes, constituent un facteur de crédibilité dans la gestion économique et financière de l’Etat, elle s’impose donc à tous.

Nous suggérons la création d’une Brigade de Lutte contre la Corruption qui devra être une unité opérationnelle ayant pour mission de combattre la corruption par la prévention, la dissuasion, le traitement des plaintes et dénonciations, la détection des actes de fraude et de corruption par une approche interdisciplinaire intégrant le renseignement, les investigations et le contrôle portant sur les ressources financières dont la gestion incombera à titre principal aux Ministères en charge de l’Economie et des Finances, sous tutelle de la présidence de la République.

La Brigade de Lutte contre la Corruption peut être saisie par toute personne ayant connaissance d’un cas présumé de corruption (par le moyen d’une ligne téléphonique publique/NUMERO VERT (HOTLINE NUMBER) ou d’infractions assimilées impliquant les agents des ministères de l’Economie, des Finances ou tout autre service public administratif. Elle peut initier des enquêtes sur simple information ou s’en saisir d’office.

La Brigade de Lutte contre la Corruption, devra exercer « ses attributions en coopération avec les autres organismes publics de contrôle ou d’application de la Loi ». Au demeurant, cette nécessité s’impose à tous les acteurs de la lutte contre la corruption.

En effet, quelle que soit la qualité intrinsèque du travail de ces acteurs, aucun d’eux pris isolément ne saurait obtenir de résultats efficients. En dépit de cette nécessité évidente de collaboration, il faut absolument éviter un cloisonnement entre les acteurs de la lutte contre la corruption.

Pour ce fait, dès que sa création est approuvée par la présidence de la République, nous suggérons que soient institués immédiatement les mécanismes de sa mise en exécution à travers un colloque incluant les experts du ministère des Finances, ministères de l’Economie, de la présidence de la République, de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International, ainsi que des experts des pays ayant une expérience avérée en matière de lutte contre la corruption.

Ce colloque devra inclure les panels de discussions ci-après :

Panel 1 : Cadre légal, stratégies et mécanismes de prévention et de détection de la corruption

Panel 2 : Les techniques d’investigations et d’enquêtes en matière de la lutte contre la corruption

Panel 3 : L’incrimination, l’instruction et les poursuites pénales de la corruption

Nous sommes persuadés que seules les mesures contraignantes pourront nous faire gagner la bataille contre la corruption, une Brigade de Lutte contre la Corruption dont les acteurs principaux seront les membres de la société civile, la communauté, en général, confirmera le leadership participatif et consultatif avec comme fil conducteur l’héritage philosophique (le Peuple d’abord) nous légué par feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba que voudrait mettre en œuvre le président de la République.

Dr Jean Michel Kayumba MD

Ontario, Canada