L'intronisation, ce jeudi 24 janvier 2019, de Félix Tshisekedi, en tant que chef d'Etat de la République démocratique du Congo (RDC), a été un moment en même temps festif et inquiétant pour beaucoup de Congolais. Le cinquième président de la RDC a été victime d'un malaise pendant qu'il faisait son discours devant une multitude de personnes réunies à l'occasion. Retour sur ce moment fort qui a provoqué une vraie panique au Palais de la Nation, lieu où la cérémonie d'investiture s'est déroulée.
C'est aux environs de 14 heures et demi que Félix Tshisekedi commence son discours en présence des délégations des gouvernements de différents pays africains invités à son investiture. Kinshasa est sous un soleil de plomb. 33°C, d’après la météo. En dépit d’une chaleur écrasante, le président congolais fait preuve de ténacité. Il continue son discours.
Du haut de l'estrade où il rend hommage, notamment à ses prédécesseurs, Félix Tshisekedi s’affaiblit de plus en plus. Il s'appuie sur son pupitre pendant environ 30 secondes, tousse de temps en temps et transpire abondamment.
Au bout de 20 minutes, la fatigue du président s'accentue. Les gardes comprennent qu'il y a une chose qui va de travers. Ils s'approchent de lui. "Ça ne va pas", leur dit Félix Tshisekedi en essayant, avec un ultime effort, de poursuivre son discours.
Mais, très vite, la situation s'aggrave. Le nouveau président congolais commence à chercher des mots. Il prononce péniblement quelques phrases incompréhensibles avant de se taire tout en restant debout devant son pupitre. Il semble s’étouffer. Il vacille : signes d’une perte de connaissance. Un des gardes se rend compte qu'il faut intervenir dans l'immédiat. "Donnez une chaise, allez ! Une chaise, vite !", insiste-t-il, visiblement inquiet par la situation. L'angoisse se répand. Dans la tribune d'honneur où elle est assise, Denise Thsisekedi, la nouvelle première dame, se lève et se fraye un chemin jusqu'à l'estrade pour voir ce qui est arrivé à son mari. Derrière elle, la fille du nouveau président de la RDC, fondant déjà en larmes, suit sa mère. D’autres proches de Félix Tshisekedi également pleurent. Le public, lui, retient son souffle, alors que des pasteurs et d'autres chefs religieux sur place improvisent des prières pour implorer l'aide de Dieu. Le suspense est à son comble.
Pendant ce temps, Félix Tshisekedi se fait entourer par un groupe de gens parmi lesquels des médecins. Ceux-ci lui portent assistance. Ils le débarrassent de son écharpe d'élu, de sa veste et de sa chemise, et de son gilet par balle. A quelques mètres de là, une ambulance fait des manœuvres. D'autres secouristes arrivent avec une civière pour évacuer le président.
Pensant à un probable attentat dont Félix Tshisekedi serait victime, la foule, composée en majorité des militants de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), entonne des chansons de mise en garde. "Vous allez nous tuer, nous tous", répètent-ils à l'unisson. Une façon de prouver leur détermination à se révolter au cas où il s’avérait que Félix Tshisekedi est victime d’une attaque délibérée.
Après 10 minutes d'incertitude, la télévision nationale (RTNC) annonce que le président a été victime d'un malaise. Elle coupe le signal.
Sur place, la tension continue à grimper. Les agents de l'ordre et de sécurité tentent d'encadrer la foule pour éviter des débordements.
Mais, au bout de 15 minutes, Félix Tshisekedi se relève. Il lève les deux doigts en signe de V pour rassurer le public que tout va bien. La foule éclate de joie. Sa famille également lâche un ouf de soulagement. Ensuite, les forces de sécurités évacuent le podium pour permettre au cinquième président de la RDC de poursuivre son discours jusqu'au bout.
Will Cleas Nlemvo